Amertume des derniers jours en Turquie …
Le lac de Van nous a suivi ou plutôt nous l’avons longé plusieurs jours. Lieu de bivouac idéal. Les paysages aquatiques ont toujours un côté apaisant. Ce bleu vif tranche avec les montagnes ocres. On ne s’en lasse pas. La frontière iranienne n’est donc plus très loin mais plusieurs évènements ont ralenti notre passage en Iran. Jeanne a pris le relais de Louise côté santé. On prend le temps de la chouchouter, de la soigner. Quelques arrêts en urgence ou réveils en milieu de nuit ponctueront ces quelques jours.
Puis nous avons eu une étrange journée. Une journée pour rien. Je m’explique. Partis de bonne heure pour passer la frontière, nous nous sommes retrouvés vers 18h à notre point de départ du matin. La frontière en question était fermée. On a dû faire demi-tour. On a roulé 300 kms pour rien. C’est rageant. Une sensation de gâchis. Bon après il y a plus grave…
Intrusion dans la camion
Justement le lendemain matin histoire de continuer dans notre mauvaise lignée, on découvre que le coffre du camion (extérieur au camion) a été vidé ! Le ballon, un tapis, le bidon d’essence, une tente et plus embêtant la poussette et l’antenne qui nous permet de se connecter sur des réseaux wifi. Rien de vital. Pas de vol de passeports, d’appareil photo, d’ordinateur. Pas de vol de camion surtout ! Et pas d’agression physique. Mais la sensation que quelqu’un a fouillé dans nos affaires est franchement désagréable. On a entendu du bruit cette nuit en plus. J’ai même eu l’impression que l’on marchait sur le toit du camion. On a pensé que c’était un animal et on s’est rendormi. Cette histoire de vol ne se termine pas si mal car après un passage au poste de police et leur dynamisme pour retrouver nos affaires, nous avons récupéré la poussette et la tente. C’est déjà ça. Surtout la poussette qui nous aurait fait défaut. Le chef du commissariat a habité en France plusieurs années. Son français est parfait et nous permet d’échanger avec plaisir sur nos pays réciproques. Et les démarches administratives sont largement simplifiées. Il espère que nous ne garderons pas de la Turquie cette dernière image. Pas d’inquiétude. On a eu trop de belles rencontres pour que cette dernière mauvaise rencontre gâche toutes les autres. Un déjeuner partagé ensemble embellit finalement cette journée un peu morose. Attablés avec une petite dizaine de policiers, le chef joue l’interprète. Ils sont tous en poste provisoire. Comme un service militaire en somme. Ils doivent travailler un an dans la partie est de la Turquie qui semble moins prisée. Ils sont tous originaires de grandes villes de la partie ouest. Ankara, Istanbul, Bursa. Ils ne semblent pas très à l’aise sur les actualités liées au Kurdistan. Nous non plus en même temps. On évoque le sujet rapidement. Après échanges de photos et réparation locale du coffre fracturé on reprend la route.
Frontière Turquie-Iran
Direction Dogubayazit, dernière ville avant la frontière Turquie-Iran. La ville est grise, triste, sale. Les villes frontières dégagent toujours une atmosphère particulière. Comme une impression de mouvement permanent. La ville est un long couloir qui laisse passer les étrangers, les voyageurs, les curieux, les commerçants. Le mont Ararat domine la région. Point culminant de la Turquie à plus de 5000 m, sa couronne blanche nous rappelle que l’hiver doit être rude ici. Selon la bible, l’arche de Noé se serait échoué ici. A l’ approche de la frontière, nous avons en main les passeports avec nos visas iraniens précieusement collés, les papiers du camion, et le carnet de passage en douane. Ce dernier est un document indispensable pour entrer en Iran avec son propre véhicule. Comme le passeport du camion. Tamponné à l’entrée, il le sera à nouveau à la sortie et nous permettra de récupérer une caution (colossale : 3500 € !) à notre retour en France. Le premier contact du côté turc de la frontière est déstabilisant. L’homme semble ivre. Il parle à Baptiste de très près et lui crache sa fumée de cigarette par la fenêtre du camion. On ne comprend rien à son mauvais anglais mais on suit la direction qu’il nous indique du doigt. Arrivés à la guérite des douaniers turcs, on retrouve la gentillesse naturelle de ce peuple si accueillant. Ils nous racontent leurs vacances en Italie. Et nous questionnent sur le voyage. Ils s’étonnent qu’on veuille emmener des enfants si jeunes en Iran !
Une barrière aux couleurs du drapeau iranien (vert, blanc et rouge) nous sépare maintenant de l’Iran. J’ai pris le temps de revêtir une tunique longue par-dessus mon débardeur, un pantalon pour remplacer mon short et un foulard qui me sert de voile. Fini les shorts. Fini les débardeurs. J’ai déjà chaud. Jeanne est amusée par ma tenue et me demande pourquoi elle ne met pas de voile. C’est à partir de 9 ans pour les petites filles. Heureusement. J’ai déjà le sentiment de leur imposer beaucoup avec ce voyage qu’elles n’ont pas choisi. Baptiste oublie aussi ses shorts pour trois bonnes semaines en Iran. Pantalon obligatoire. La barrière s’ouvre. Des hommes habillés en militaire nous indiquent une place pour le camion.
En passant une frontière j’ai toujours le sentiment de passer sur le trait tracé sur la carte. Je guette un éventuel trait rouge au sol ! Honnêtement on n’est pas très à l’aise. Il me revient en tête « Pourquoi vous allez en Iran ? Vous êtes sûrs que c’est pas dangereux ? » A l’écoute du détail de notre parcours, nous avons entendu maintes fois cette même question. Mon cousin Martin nous a définitivement convaincu d’y aller. Et il nous suffit de peu pour être convaincu en matière de voyage.
Baptiste est invité dans un bureau minuscule pour gérer les formalités. On nous demande à nouveau les empreintes de chacun de nos doigts. Il parait que c’est en réponse à Nicolas Sarkozy qui a mis en place la même obligation pour les Iraniens venant en France… Les douaniers sont plutôt sympas. Deux gars qui jouent les officiels mais sont juste là pour arnaquer les touristes de passage (on le découvrira plus tard évidemment) nous tournent autour. Ils cherchent à se rendre indispensables alors que leur aide est inutile. L’un veut absolument nous faire changer de l’argent. L’autre nous réclame 20€ pour le lavage du camion alors qu’on avait rien demandé. Il nous a embrouillé en rendant cette étape obligatoire mais il n’en est rien. On change un peu d’argent au premier. Vu l’heure tardive, on en a besoin. On ne lâche rien avec le deuxième qui est vraiment collant et agressif. Baptiste sort de ses gonds. Rarissime.
«-  I didn’t want to car my cash.
– To wash my car, Baptiste !
– I didn’t want to wash my car. Oui bon il m’énerve! Je vais pas payer 20€ pour un coup de jet d’eau ridicule ! »
Le douanier semble agacé aussi par tant de malhonnêteté et lève la barrière.
Premières impressions sur l’Iran
On est en Iran !! Pas de doute. L’alphabet persan rend la lecture des panneaux et des enseignes obscure. Certains panneaux sont heureusement traduits avec le nom des villes et le nombre des kms à parcourir. On les guette. L’architecture est totalement différente. Les magasins aussi. Les voitures. La conduite locale. Parlons-en ! Les Turcs à côté conduisaient bien ! Doubler est un sport national. Les ronds-points sont un mystère. Et la vie de piéton est un danger permanent.
L’arrivée dans un nouveau pays est un doux mélange de stress et d’impatience. Le stress de perdre ses repères. La peur de l’inconnu. Tout est nouveau. Et puis heureusement le plaisir d’ouvrir grand les yeux pour emmagasiner toutes ces nouvelles images est plus fort que tout. Des nouveaux paysages, des nouveaux visages.
Petite santé
Arrivés de nuit, on s’éloigne un peu de la frontière car on ne tient pas à dormir là . Jeanne est encore toute flagada, notre inquiétude est surtout portée sur elle. Louise a retrouvé la forme c’est déjà une bonne chose. On s’arrête pour la nuit à la sortie de Maku. Le lendemain matin c’est mon tour d’être malade. Aucun de nous n’y aura échappé. La capacité des enfants à oublier est un bon moyen de se redynamiser. Jeanne et Louise nous aident à passer à autre chose en quelques secondes. A se ressaisir. C’est une énergie que les filles nous transmettent avec cette mauvaise série de coups durs. Je craignais pour notre santé, c’est un passage rarement évité en voyage. On prend pourtant nos précautions avec l’eau et la nourriture. Mais nos petits intestins français n’ont pas tenu le choc !
Une panne de camion = une invitation !
Je craignais aussi pour la mécanique du camion… lui aussi a eu quelques soucis intestinaux ! A Tabriz (où nous nous sommes arrêtés quelques jours) alors que Baptiste insistait pour préciser « diesel », le pompiste nous a fait un plein d’essence ! Et en plus il nous a fait payer l’équivalent de 30€ un plein qui coûte ici moins de 10€ !!! Le moteur s’est arrêté et Baptiste a pesté longtemps. Une puis 2 puis 3 puis 4 voitures se sont arrêtées pour nous aider. Le camion a été poussé au garage de l’autre côté de la route et après une bonne vidange notre bon vieux Mercedes a redémarré au quart de tour ! A nouveau, cette mésaventure nous offre une invitation à déjeuner. Ca vaut presque le coup. Un des nombreux messieurs qui s’est arrêté sur le bord de la route pour nous venir en aide est repassé chez lui chercher ses deux fils qui parlent anglais. Ni une ni deux nous voilà inviter chez eux. Sahand, l’un d’eux, prend place à l’avant du camion et nous guide jusque chez eux.
Nos chaussures restent en bas de l’immeuble. Jeanne qui rêve de vivre pieds nus est ravie ! Un long tapis recouvre les marches que nous montons donc pieds nus. Nous arrivons dans un grand et bel appartement. Le confort est le même que le nôtre. Toilettes, douche, lave-vaisselle, lave-linge, télévision. Le quartier est aisé. La famille qui nous accueille cultivée. Tous les hommes parlent anglais. Les femmes quelques mots. Largement majoritaires, les hommes de la maison (des cousins nous ont rejoint) me mettent rapidement à l’écart. Pas vraiment volontairement mais plus par habitude je pense. Je ne suis pas très à l’aise. Les femmes me sourient mais n’osent pas. On s’attelle finalement ensemble à la préparation du repas. On met la table à même le sol sur une grande nappe. Jeanne amusée s’étonne que ces gens n’aient pas de table. En effet la salle à manger se résume à de grands tapis posés au sol. De la soupe. Des brochettes de poulet. Des crudités. Du riz. Ici on mange avec une fourchette et une cuillère à soupe. Pas de couteau à table. C’est délicieux. Les filles se régalent. C’est un plaisir car leur appétit était limité ces derniers temps.
En Iran depuis seulement quelques jours, nous sommes éclairés sur les villes à voir, le fonctionnement des stations essence, la valeur de la monnaie locale : les rials (à ne pas confondre avec les tomans). On y voit plus clair. Je finis par échanger quelques mots avec les uns et les autres. Les hommes voulant bien m’adresser un peu la parole et les femmes osant finalement quelques mots d’anglais en sortant de leur cuisine.
L’un de nos hôtes insiste pour que nous expliquions à nos proches que les iraniens ne sont pas des terroristes. Il explique à plusieurs reprises que l’image des iraniens est pour lui salie par celle des irakiens. Il y a confusion entre les deux. Les uns ne supportant pas les autres. La guerre Iran-Irak a tué plus de 200 000 iraniens. Je pense que la confusion n’est pas anodine. On vous promet les iraniens sont vraiment gentils. Il y a un décalage sur certaines lois du pays et certaines traditions. Soit. Mais ils sont très attentifs à l’image que renvoie leur pays. Soucieux du bien-être de l’étranger. Et curieux de notre voyage.
Tabriz nous laissera surtout le plaisir de notre première invitation en Iran. La ville est assez fatigante. Beaucoup d’agitation dans le centre. Une circulation à laquelle nous ne sommes pas habitués. Des regards méfiants auxquels nous ne sommes pas habitués non plus. Bon il y a aussi ces sourires et ces « where do you come from? »
Ah j’oubliais nous avons aussi passé une matinée à l’hôpital. Baptiste et moi étions encore bien mal en point. Et Jeanne un peu fragile. Quelques piqûres et ordonnance de médicaments plus tard, nous étions soulagés. Une perfusion avec cocktail hydratant m’a remise sur pieds. Quelques jours après nous étions en pleine forme. Un sacré souci en moins.
Jeanne a gardé un grand sourire à peu près toute la journée « Moi j’ai pas eu de piqûres. Papa, maman et Loulou oui..! »
Tabriz nous permet de découvrir le camping version iranienne. C’est gratuit. En plein centre-ville dans un petit parc. Connexion wifi, wc et douches. Impeccable. Les gens sont adorables. On découvre leur manière de camper et notamment pique-niquer en transportant leur cuisine dehors. Bouteilles de gaz, bouilloires, théières, cocotte-minutes, oreillers, nombreux tapis. Et des marmites qui dégagent des odeurs alléchantes. Il sont tous le même modèle de tente. Posées sur le ciment alors que de belles pelouses sont disponibles !
Tabriz sera la découverte de notre premier bazar iranien. Bazar où l’on se perd aisément. Et les premières mosquées. Le début d’une longue série !
La jungle urbaine de Téhéran
De Tabriz nous mettons le cap vers Téhéran. La capitale iranienne est à plus de 600 kms. La chaleur est peu supportable mais en roulant on arrive à avoir de l’air. Disons qu’on est moins exigeant à mesure qu’on avance. Notre corps s’habitue aux températures élevées. Les filles dorment beaucoup. Après une pause d’une nuit, nous approchons de Téhéran en fin d’après-midi. A 30 kms de la ville, la circulation s’amplifie d’un coup. Deux accidents successifs sur la route en sens inverse. Un camion renversé sur la chaussée et une voiture sur le toit. Très rassurant comme images.
Donc plus on se rapproche de Téhéran plus Baptiste utilise le klaxon et met ses nerfs à rude épreuve. Les taxis jaunes, les pick up bleus débordant de pastèques et les voitures blanches (couleur unique des voitures iraniennes visiblement) se faufilent à droite, à gauche. Le code de la route semble ici un lointain souvenir pour la majorité des conducteurs. Où allons-nous dormir dans cette jungle urbaine?
On sort un peu à l’aveugle. Quitter cette agitation pour espérer un quartier plus calme. Moins passant et moins dangereux ! Une belle coupole bleue de mosquée attire notre oeil. Les toboggans jouxtant la mosquéeont déjà été repérés par les filles. On tente le coup. Le quartier est plutôt tranquille. De beaux immeubles aux tons sables (comme partout dans Téhéran) s’alignent des deux côtés de ce grand boulevard. Puis une petite impasse nous intrigue. Allez on y va pour cette nuit. Attablés dans le camion, la porte grande ouverte, les passants ont le « salam » facile. Une dame avec son petit bonhomme dans les bras engage la discussion avec les quelques mots d’anglais qu’elle connaît. Partie après quelques échanges sur notre famille et notre voyage, elle revient avec sa voisine prof d’anglais. Elle veut nous inviter chez elle. Ok. Ni une ni deux, on quitte notre camion et on la suit. Elle nous a eu avec son grand sourire et la proposition d’une douche pour les filles. On a une douche dans le camion certes. Mais la salle de bain fait aussi office de débarras et de placard, et le réservoir d’eau est bien descendu. L’option douche chez quelqu’un est alléchante. Après un thé et une assiette de fruits, les filles passent sous la douche. Les bienheureuses.
La maman de Sadah (la prof d’anglais), Zarhi, et voisine également, refuse que nous dormions dans notre camion. Elle veut nous inviter à dormir. Baptiste hésite. Je suis partante. L’idée de visiter une demeure iranienne et de dormir à Téhéran dans un appartement plutôt que dans notre camion en pleine rue est convaincante. Nous nous retrouvons tous les 4 alignés dans une petite chambre à l’air frais. Nous avons pu profiter d’une douche également. Zarhi et sa famille nous retiendront deux jours. Sûrement de mèche avec l’ambassade du Turkménistan qui est la raison de notre passage à Téhéran. Et la source d’énervements nombreux.
Nous passons en effet trois jours (disons trois bonnes matinées) à courir à travers Téhéran pour des formalités liées à la demande de ce prochain visa. Premier échec à cause de notre trop vieux guide Lonely Planet qui nous indique une ancienne adresse. L’ambassade a déménagé six ans auparavant ! Deuxième échec le lendemain où nous trouvons porte close. Le bureau des visas est ouvert de 9h à 11h. On arrive vers 11h30 après 2h de métro et 15 mns de taxi. On avait pas prévu que traverser Téhéran prenait autant de temps ! Dernier essai le lendemain matin. Cette fois on ne nous aura pas. On dort avec le camion quasiment en face de l’ambassade ! Et cette fois on dépose notre dossier. Nous récupérerons notre visa à Mashhad, ville du nord où nous passerons en fin de parcours en Iran.
Téhéran a peu ou pas d’intérêt. Quadrillée par des high way, des express way, des boulevards… la capitale est un test pour vérifier notre sens de l’orientation ! On s’en sort pas si mal au bout de trois jours mais quelle folie ! La ville a plusieurs palais de renom mais on est maudits. Ou ils sont fermés ou ils sont introuvables. Bon déjà qu’on accrochait pas…
Téhéran nous laissera, seulement et heureusement, le souvenir de cette belle rencontre avec la famille de Zahri et Sadah. Nous avons partagé de délicieux dîners et petits déjeuners. Les filles ont dévoré le pain local, une sorte de crêpe, recouverte de fromage ou de miel. Nous avons échangé sur nos pays. La question du port du voile. Cette loi semble embêter à l’unanimité les femmes de la maison. Ici pas d’homme pendant notre passage. Ca simplifie les échanges à mon sens. Jeanne et Louise font craquer les jeunes filles de la maison. Elles passent de bras en bras. Partir le matin en sachant où nous dormons le soir est reposant une fois de temps en temps. Elles ne veulent pas nous laisser partir mais nous avons hâte de descendre vers les doux noms de ville comme Ispahan, Shiraz ou Persepolis.
Sur la route d’Ispahan
Sur la route de Téhéran à Ispahan on nous a conseillé deux haltes. Kashan et Abinye. Merci à nos amis du camping de Tabriz. Kashan est une petite ville paisible. Dans l’ombre de sa voisine et fameuse Ispahan, elle vaut largement le détour. Ses allées d’arbres, ses rues plus aérées et l’incroyable gentillesses des iraniens. Tout est parfait. Et puis ces anciens palais, ses maisons traditionnelles et ses mosquées. Tout nous comble.
Il y a peu voir pas de touristes. On visite la mosquée Agha Bozorg. La première qui en jette vraiment ! Ces faïences dans les tons bleues sont superbes. C’est agréable de pouvoir visiter des mosquées librement. Pendant notre tour du monde, seule la mosquée Hassan II de Casablanca nous a été ouverte.
Au bazar nous achetons un grand tapis pour nos pauses sieste et pique-nique. Toutes les familles iraniennes (et turques d’ailleurs) en ont un. Les filles sont ravies. Un nouveau terrain de jeu.
Nous visitons d’anciens palais superbes où les filles se créent un vrai terrain de jeux avec tunnels, marches, terrasses et passages semés d’embûches.
A Kashan, nous dormons deux nuits car on s’y sent vraiment bien. On a trouvé (vraiment par hasard) le premier soir, le camping de la ville. Enfin camping-parking. Gratuit. Accès aux toilettes, tuyau d’arrosage (ouvert en permanence !) et aire de jeux. Nickel. Jeanne me demande si on va rester au moins deux nuits. Elle a besoin de savoir. De planifier. Et de se rassurer. Louise vit au jour le jour. Que dis-je…? Heure par heure. Quelle chance. On s’amusait de réaliser que pour Jeanne et Louise c’était un voyage organisé finalement. Pas de kms à gérer, pas de repas à prévoir, pas de lectures de guides pour planifier les journées. Pas d’inquiétude sur le budget, le plein d’essence, la santé de chacun. Quoi que Jeanne demande encore régulièrement si tout le monde est bien guéri. Oui on est tous en forme.
Les sourires, les hello, les welcome continuent. S’y ajoutent les Where do you come from? How many days do you stay in Iran? Do you like Iran? Do you like iranien people? Suivis de Your girls are very nice. Nice to meet you.Â
Ces questions ne nous quitteront plus de tout notre séjour en Iran. Les iraniens sont comme ça. Généreux et avenants. Généreux car ces questions sont fréquemment suivis d’un thé offert, d’un bonbon pour Jeanne et Louise, d’une grappe de raisin laissée, d’une pastèque donnée, de caramels locaux distribués, d’un narguilé partagé.
Après Kashan nous sommes sortis de l’autoroute pour nous enfoncer dans la montagne jusqu’à Abinyeh. Ce petit village pittoresque est piétonnier. Les ruelles en terre traversent le village. Des maisons en terre séchée couleur ocre avec des peintures blanches s’accrochent à la montagne. Les filles déambulent avec plaisir dans le village. Louise en pleine tentative de propreté accélère un peu la fin de la visite. « Oh non j’ai fait pipi! » On y croit, on tient bon. Le pot est son meilleur ami en ce moment. Dans quelques mois Louise rentrera à l’école. Pas le choix. Plus de couches !
D’Abinyeh, nous avons filé vers Ispahan. On était tellement impatients. Ispahan. Certains noms de villes font voyager à leur simple évocation. On vous raconte cette belle halte très vite. On a adoré.
Après quelques jours à apprivoiser l’Iran. Ses coutumes. Son voile. Sa chaleur. Sa conduite. On l’a complètement adopté. Les iraniens y sont pour beaucoup. La beauté des villes, des sites, des mosquées aussi. Et puis on est maintenant bien avancés dans le voyage. Bien installés dans le camion-maison. Bien organisés dans nos journées.
Jeanne aime les glaces. Jeanne n’aime pas les brochettes de poulet qui piquent. Jeanne aime écouter et réécouter des histoires. Jeanne n’aime pas quand on ne lit qu’une seule histoire le soir. Jeanne aime dire hello ou salam. Et faire coucou aux enfants qu’elle croise. Jeanne n’aime pas que les autres enfants ne parlent pas français. Jeanne aime quand les iraniens lui offrent des bonbons, des gâteaux, des brioches. Jeanne n’aime pas quand il faut les partager avec sa soeur. Jeanne aime jouer avec le ballon enferme de pastèque offert par une famille. Jeanne n’aime pas que sa trottinette soit restée en France.
Louise aime décider de…à peu près tout. Louise n’aime pas qu’on décide pour elle. Logique. Louise aime marcher. Louise n’aime plus sa poussette. Louise n’aime pas être attachée dans son siège auto. Louise aime faire des câlins dès le matin au saut du lit. Louise n’aime pas se réveiller dans sa poussette quand nous avons mangé une glace, sans elle, pendant sa sieste. Louise aime les gommettes. Sa casquette. Sa poupée. Louise n’aime pas toujours le pot ni la douche. Louise aime charmer les iraniens.
Baptiste aime conduire fièrement son camion. Baptiste n’aime pas le moindre petit bruit suspect dans le moteur. Baptiste aime photographier et filmer sa petite famille et toutes ces contrées lointaines. Baptiste n’aime pas quand ses filles font des grimaces parce qu’elles sont lasses de toutes ces poses-photos. Baptiste aime quand sa femme est calme et détendue. Baptiste n’aime pas quand sa femme s’énerve pour un oui pour un non. Baptiste aime les siestes ombragées. Baptiste n’aime pas quand je dis (50 fois par jour) « Bon, on y va? »
J’aime arriver dans une nouvelle ville, une nouvelle place, un nouveau site et emmagasiner plein d’images. Je n’aime pas les demi-tours. J’aime quand on sait où on dort le soir. Je n’aime pas quand on roule de nuit, que les filles hurlent à l’arrière du camion, qu’on est perdus. J’aime quand les iraniens nous offrent un toit, un repas, un thé. Je n’aime pas quand c’est la vingtième fois de la journée qu’on nous accoste pour savoir d’où on vient, où on va, qui on est? Tout ça quoi !…Je suis nettement moins aimable mais Baptiste répond gentiment, lui ! J’aime quand on partage un bon repas préparé dans la camion ou attablés au resto. Je n’aime pas quand on n’a pas trop anticipé la gestion du repas et qu’on grignote des fruits et des gâteaux  parce qu’on a rien d’autre ! J’aime quand on me parle en iranien comme si j’étais iranienne. Je n’aime pas porter le voile du matin au soir. Je pense aux mamans de mes anciens élèves (qui me lisent peut-être?). Je respecte cette coutume mais j’aurai préféré la tester en hiver !
Les filles continuent de nous amuser avec leur imagination et leur regard d’enfant sur le monde qu’elles découvrent à petits pas. Je sens que le voyage leur plaît. La liberté qui s’offre nous profite à chacun. Jeanne se réjouit qu’il reste encore plusieurs mois de voyage. Louise parle un peu de l’école mais surtout de la crèche.
En cette veille de rentrée scolaire, on pense à tous les petits et grands élèves qui vont reprendre le chemin de l’école. Je pense particulièrement à mes collègues, mes amis profs et à tous les courageux qui ont déjà repris le trio métro-boulot-dodo.
Pour finir, quelques doux mots nos mini globe-trotteuses.
Jeanne « On part en voyage Louise. On part en avion. On va à New York. Depêche toi on va rater l’avion. »
Louise « Attends je prends mon tatado (comprenez sac à dos!) »
Jeanne « Elle a été construite quand cette mosquée? »
Moi « Il y’a très longtemps ma chérie. Des milliers d’années. »
Jeanne « Non mais longtemps ça veut dire que c’était mercredi ou jeudi? »
Pour info, ce jour-là nous étions un samedi.
A très vite pour de nouvelles aventures.
JuBaJaLou, 8610 kms au compteur depuis notre départ le 14 juillet il y a un mois et demi !
Ça fait plaisir d avoir de vos nouvelles et de savoir que la santé va mieux
Les images sont magnifiques et vos messages sont juste une invitation au voyage
Profitez encore et régalez nous de vos anecdotes
Merci pour ces nouvelles !
On vous embrasse bien fort,
Quel plaisir de lire toutes vos péripéties les bonnes et les mauvaises, cela fait parti des voyages. En tout cas à la crèche tout le monde suit les aventures de Jeanne et de Louise c’est vraiment pour vous une superbe expérience et quand je regarde vos photos elles invitent vraiment à repartir. Bonne route et surtout profitez….
Dominique.
Contents de voir que la crèche Hector Berlioz suit notre aventure. Louise et Jeanne passent le bonjour à toute l équipe. Louise ne met plus de couches depuis quelques jours…! Elle parle d’Aelyne et de la crèche souvent. Bises et merci pour le message
Contente de lire et de relire votre journal de bord, de regarder et re-garder les photos des enfants et de leur maman voilée. Je trouve que « vos » iraniens rencontrés et accueillants ont tous des visages bienveillants et que les femmes prennent la pause devant Baptiste comme pour un casting ! En tout cas, merci à la rédactrice et au reporter photo pour ce partage d’aventures audacieuses illustrées.
Ici, c’est la rentrée avec sur les trottoirs enfants et sacs sur leur dos et feuilles mortes et ville animée quand on voyage à bicyclette…
Biz du 83 aux adeptes de l’école buissonnière ou plus exactement itinérante.
Sympa la photo de papa en chemise à carreaux !!
Géniales ces news, j’adore le j’aime/j’aime pas. Bravo!
Promis un jour j’emmènerai Jeanne à New York, ça fait plusieurs fois qu’elle en parle! Enfin bien sur je proposerai aussi à Loulou et son tatado de venir 😉
Continuez de nous faire rêver, profitez.
Plein plein de bisous
Je vous admire! Je serais incapable de faire une aventure pareille et surtout avec des enfants!
Alors MERCI, MERCI de partager votre road trip avec nous et de nous dévoiler toutes vos belles photos.
On vous embrasse tous les 4 🙂
Merci c’est vrai que c’est un sacré défi que ce voyage en famille… Mais ça vaut le coup de tenter l’aventure! Bisous
Je vous admire! Je serai incapable de faire ce genre de voyage et surtout avec des enfants!
Alors MERCI, MERCI de partager votre road trip et vos superbes photos avec nous!
On vous embrasse tous les 4 🙂
Hello,
Nous mesurons la chance de pouvoir communiquer rapidement avec vous via Internet.
Votre carte signée par chacun d’entre vous & postée en Anatolie a mis 50 jours pour tomber dans notre boîte aux lettres aujourd’hui!
Julie, sais tu que le ministre de l’éducation est une femme ? Il s’agit de Najat Vallaud-Belkacem.
@ bientôt pour une nouvelle chronique avec les rencontres facilitées par vos deux ambassadrices de charme,
Bisous en farsi.
Super une femme à l’éducation… Pourvu que l’école soit enfin considérée comme il se doit!
coucou les loulous,
Que cela fait plaisir de vous lire et de vous voir !!! J’aime pas quand il n’y a pas de wifi en corse, j’aime pas reprendre le travail mais j’aime quand je peux de nouveau me connecter !!
J’aime pas vous voir à l’hôpital, j’aime vous savoir en bonne santé!!! Merci pour toutes ces heures d’écriture!!!
Gros gros bisous
Oh oui on aime vous savoir connectées…nos petites mamies baroudeuses préférées !!
Oui toute l’équipe de la crèche suit avec passion vos aventures.. Ce matin c’est Lennie qui m’a demandé où était Louise .. je lui ai dit qu’elle était parti en voyage très loin ..
Aylin et tous les copains de Louise sont maintenant chez les grands .. on pense bien à vous..
Isabelle
Louise embrasse tous ses copiant de la crèche et toutes les dames qui s’occupaient si bien d’elle! Louise est propre depuis une bonne semaine. quelle fierté ! bpnjpur à toute l’équipe, merci pour le message.
Ce matin c’est Lennie qui m’a demandé ou était Louise .. je lui ai dit qu’elle était parti en voyage très loin..
Aylin et tous les copains de Louise sont maintenant chez les grands.. Nous pensons bien à vous.
Isabelle
…je voudrais faire un bisou à Jeanne.
Jeanne fait un gros bisou à Gaïa. Décue de pas être dans la même classe, Jeanne sera chez Catherine en rentrant. Bises et merci beaucoup pour le mail!
Toujours aussi fan de la famille Oukilé!!!
Bizzz du Colombes-stan
Alors ta rentrée dans ta nouvelle école? bises
coucou les globe trotters!
ça fait plaisir de vous lire! de voir vos belles photos! ici même s’il fait beau, le rythme est repris et les vacances nous semblent bien loin alors ça fait bizarre.. du dépaysement ça fait du bien! On pense bien à vous, on vous embrasse, des gros bisous aux filles, Enjoy your trip and care take! non ..Take care !
Merci!bisous à nos bretons préférés!