Premiers jours en Turquie et Istanbul
La Turquie continue de nous séduire un peu plus de jour en jour. Un vrai régal pour nos yeux et nos papilles. La frontière traversée (la plus fréquentée au monde parait-il !) la Turquie s’est offerte à nous. La Turquie est vraiment un cadeau. La frontière demande quand même trois contrôles successifs. Un premier pour les passeports. Un second pour les papiers du véhicule. Un troisième pour une fouille des bagages (rapide mais ouverture de plusieurs placards). Baptiste n’a pas réitéré sa proposition de visite du camion comme à la frontière bulgare où le douanier était tenté mais n’avait pas osé ! ici on ne rigole pas.
Pour notre première nuit en Turquie, nous posons le camion dans une cour d’école. Dans un petit village près de Babaeski. Nous toquons à la porte d’une école dont la une cour ressemble davantage à un immense jardin. Les filles de la directrice nous ouvrent et malgré le peu de mots en commun entre leur niveau d’anglais et notre niveau de turc nous arrivons à nous comprendre. Nous pouvons passer la nuit ici sans souci. Alors que nous dînons, nos hôtes reviennent chargés d’un sac de légumes. Cadeau de la maison. C’est le début de l’accueil turc. Tout en simplicité. La gentillesse des Turcs est égale d’un bout à l’autre du pays. Nous ne sommes pas considérés comme étrangers. Nous sommes des invités. Revenus avec un dictionnaire d’anglais, les jeunes filles ont préparé une série de questions. Le lendemain matin un voisin viendra nous déposer, le plus naturellement du monde, une pastèque. La bonté des habitants est touchante.
Nous approchons d’Istanbul. La ville tant attendue. A la croisée de l’Europe et de l’Asie, elle marque un nouveau départ. On quitte réellement l’Europe. On entre en Asie pour plusieurs mois qui marquent le vrai voyage. Dans le sens aventure, pays lointains, mode de vie différents. Nos repères ont disparu. La traversée de l’Europe était un passage inévitable et culturellement très intéressant mais on ressent réellement le plaisir des contrées inconnues à partir de maintenant. Avant Istanbul, on fait un plouf dans la mer de Marmara situé au sud de la partie européenne de la Turquie. L’eau est brûlante. Les filles jouent sur le sable, sautent dans l’eau et se régalent de ce premier bain dans la mer. La majorité des femmes se baignent habillées. Il y’a différents degrés. En bikini, en short, en tee-shirt, en combinaison intégrale comme un k-way avec le voile. Je suis plus ou moins à l’aise en maillot de bain je dois dire. Mais les gens ne jugent pas.
Le long des routes on retrouve des stands de fruits et de légumes comme partout en Asie et en Afrique. Ici la pastèque domine. Le melon (plus allongé et plus jaune), la tomate, le concombre et les poivrons arrivent juste après. Les tomates ont un vrai goût de tomate. Juteuses et pleines de saveurs. Le pain est délicieux et les boulangeries sont nombreuses. Le pain est bien frais parfois même il sort tout juste du four.
Le panneau Istanbul s’annonce au loin. On est comme des enfants devant l’entrée de Disney Land. Passé la périphérie de la ville, on aperçoit au loin les minarets de la Mosquée Bleue puis de la mosquée Sainte Sophie. Les emblèmes de la ville surgissent d’un coup du paysage qui défile. Comme dans un conte des Mille et une nuit. C’est vraiment superbe. Istanbul est divisé en trois parties. Deux parties à l’ouest qui sont sur le continent européen. Une partie dite asiatique. Le détroit du Bosphore (qui rejoint la mer de Marmara à la Mer Noire) les séparent. Nous trouvons une aire de camping-car au sud de la ville près du quartier du vieux Istanbul : Sultanahmet. Une fois le camion garé, on lève la tête et on aperçoit la Mosquée Bleue juste au-dessus de nous. Parfait comme emplacement. Les casquettes, les chapeaux, les lunettes de soleil, la crème solaire. L’appareil photo, le guide. Une bouteille d’eau. La poussette de Louise pour l’un. La main de Jeanne pour l’autre. C’est parti !
On doit grimper des ruelles pavées pour rejoindre les mosquées du centre. On a l’impression de passer par les coulisses. Les rues sont calmes. En approchant du bazar on croise de plus en plus de touristes. Jeanne regarde, questionne. C’est quoi ? Il fait quoi le monsieur ? Elle vend quoi la dame ? Louise calée dans sa poussette n’en perd pas une miette. Arrivés à la Mosquée Bleue, nous devons retirer nos chaussures et je dois me couvrir jambes et tête. Respect des traditions musulmanes oblige. Jeanne et Louise trouvent très amusant de se déchausser pour visiter un lieu. Et on doit retenir leurs envies de transformer la mosquée en terrain de jeu. C’est vraiment de toute beauté. Les détails des mosaïques sont impressionnants. La foule ne désemplit pas. La mosquée Sainte Sophie est fermée. Il est plus déjà plus de 19h. De toute façon, nous prendrons le temps de visiter Istanbul en long et en large début décembre quand les parents de Baptiste nous rejoindront. On s’est simplement offert un bel aperçu. Istanbul nous intriguait trop pour y passer sans s’arrêter.
Les filles sont fatiguées. La route, les kilomètres accumulés et cette marche dans Istanbul ont eu raison de nous. On décide de s’offrir un restaurant. Une petite terrasse ventée avec vue sur la ville et le Bosphore où passent nombre de bateaux. C’est délicieux. C’est beau et paisible comme vue. Les filles dégustent avec appétit leur premier kefte. Des boulettes de viande légèrement épicées. Un régal. On goûte également. Baptiste opte pour l’option pistache. Pour ma part des aubergines fondantes et finement assaisonnées accompagnent la viande. On rentre se coucher, la chaleur est assez insupportable. On dort la porte du camion ouverte.
La côte de la mer Noire à 7
Le lendemain matin on devait reprendre la route en direction de la côte de la Mer Noire mais le programme sera différent. Enfin légèrement décalé dans le temps. Au réveil Louise a un oeil totalement fermé. Horriblement enflé, gonflé. Pauvre choupette. Elle ne se plaint pas. Elle garde sa bonne humeur habituelle. Mais on ne voit pas d’autre alternative que celle de consulter. La Maif nous donne une adresse introuvable… mais grâce à la bienveillance des Turcs, on finit par atterrir dans une clinique très correcte. Nous sommes introduits par un monsieur qui a accouru sur le parking : il a le même camion que nous et veut absolument nous aider ! Il annonce notre arrivée à la réception et nous emmène jusqu’au service pédiatrie. Une femme adorable qui parle anglais à peu près aussi bien que nous ausculte Louise avec beaucoup de douceur. Elle se veut rassurante et très professionnelle à la fois. Louise traîne une vilaine toux depuis le départ… donc nous faisons d’une pierre deux coups avec cette consultation. L’oeil de Louise est certainement une mauvaise réaction à une piqûre. Il faut lui injecter un produit tout de suite. On descend au service des urgences. Une équipe adorable nous prend en charge. Le produit doit être de la cortisone on suppose, mais les explications en anglais sont déjà compliquées…. on fait totalement confiance. Une infirmière emmène Baptiste au distributeur de boissons pour mélanger le produit à un jus de fruits. Le goût visiblement très fort est ainsi atténué. Après un premier échec, Louise veut bien absorber la potion magique. On retourne voir la pédiatre qui nous donne une ordonnance et nous détaille plusieurs fois les prescriptions. Louise a un traitement avec des antibiotiques (augmentin), il y a bien un virus type bronchite ou rhino.
Nous quittons la pédiatre rassurée. «Nice to meet you » nous dit-elle d’un ton assuré. Plaisir partagé. Le produit absorbé par Louise doit faire effet dans les deux heures. Si l’oeil ne dégonfle pas, nous devons revenir. Sans jamais nous inquiéter, elle nous fait comprendre l’importance des soins à apporter à Louise. Pour vous illustrer la gentillesse des Turcs, rien ne vaut la rencontre avec cette pédiatre qui va jusqu’à nous donner son numéro personnel. Elle ne travaille pas demain (dimanche) mais nous pouvons venir à l’hôpital, à la réception, qui l’appellera pour nous. Pour ajouter à cette journée où tout l’hôpital se met en quatre pour nous, le monsieur rencontré sur le parking travaille à la cantine de l’hôpital et nous invite à déjeuner. Rien à voir avec les cantines scolaires. Le repas est délicieux. Nous croisons à peu près tous les gens qui se sont occupés de Louise. Les secrétaires, les infirmières. On ne passe pas inaperçu mais personne ne semble s’étonner de notre présence ici au milieu du personnel de l’hôpital. Un médecin offre deux ballons aux filles et du chocolat pour chacun de nous. Des amours. Les Turcs sont des anges.
Nous testons notre premier camping turc en arrivant sur la côte de la Mer Noire. Le tourisme est local, nous sommes les seuls étrangers. Des tables à l’abri sont à disposition. Les douches et sanitaires sont particulièrement rustiques. Notamment le lendemain après une soirée d’orage et de pluie battante qui a déversé des torrents de boue dans les douches. Nos voisins, une famille nombreuse, qui devait s’entasser dans une minuscule tente a levé le camp dans la nuit. L’intérêt majeur de ce camping (et de tous nos lieux de campements suivants) est leur situation géographique : à deux pas de la plage.
Depuis le départ, Jeanne nous demande « C’est aujourd’hui qu’on retrouve Sophie, Jérôme et Solange ? ». Aujourd’hui, on peut enfin lui répondre oui. Le long de la Mer Noire, à Akcapoca, nous avons rv. Pas simple de se retrouver dans une ville qu’aucun de nous ne connaît. Après quelques échanges de texto, nous y sommes.
Nous allons parcourir la route qui longe la Mer Noire d’ Amasra jusqu’à Sinop et au-delà tous les 7 ! Solange est de la mêmes année que Louise mais elles ont 10 mois d’écart. Jeanne joue la grande. La grande parfois jalouse que les petites jouent plus facilement ensemble. On se suit sur la route. Leur camion file plus vite notamment dans les côtes ardues du début, ils prennent la tête de la caravane. Depuis notre départ, nous n’avions pas vu la mer. On ne la quittera plus pendant une dizaine de jours. On la suit même de tout près. On se baigne tous les jours ou presque. On mange devant ou sur la plage. On dort sur la plage. C’est le fil conducteur de ce tronçon du voyage. Le tourisme est rare dans la région. Pas ou peu de camping. Nous nous installons où nos tours de roues nous portent. Quand les filles sont fatiguées ou que l’appel de la baignade est trop fort. Nous cuisinons un peu plus et au fil de ce séjour à 7, l’organisation du campement s’optimise. Un coin jeu pour les enfants. Une desserte pour la vaisselle et la toilette des mains et du visage avec le bidon. Une douche extérieure et une douche intérieure au choix. Nous créons un petit espace de vie entre nos deux camions. Un espace salon-salle à manger-salle de jeux-jardin. Chacun prend ses marques et on file bon train en alternant journées à la plage et journées à avaler du bitume. La plage offre de jolis bivouacs. Parfois gâchés par l’arrivée des gendarmes qui nous délogent à 22h alors que les filles sont couchées et qu’il faut replier notre campement !
 » Laisse moi tranquille Louise, tu vois bien que je regarde le paysage »
Jeanne s’habitue aux nombreux kms en camion. Elle est plus posée qu’au début et apprend à s’occuper. Je passe souvent à l’arrière pendant les siestes (nombreuses) de Louise pour lire, dessiner, faire des jeux de société avec elle. Le jeu de sept familles, les petits chevaux, la bataille n’ont plus de secrets pour elle. L’écriture de son carnet de voyage nous occupe aussi souvent. Ecrire la date. Raconter et dessiner un moment que Jeanne a aimé. Découper des prospectus. Coller le ticket de notre dernière visite. Jeanne apprécie particulièrement ses moments à deux.
« J’ai hâte de montrer mon cahier à mes copains et mes copines. »
Dans le camion je suis la seule qui n’a pas vraiment de place attribuée car je bouge constamment. Quand les filles dorment ou sont occupées tranquillement, je suis à l’avant à côté de mon petit mari qui réclame également ma compagnie ! Quand Louise a un petit coup de mou je la câline et papote ou lit des histoires à côté d’elle. Ou nous cherchons des animaux, des tracteurs, des camions de telle ou telle couleur sur la route. Et Jeanne me réclame aussi souvent. Grâce à la musique, et aux super listes de son tonton Tim, nous pouvons chanter à tue-tête Henri Dès ou la Reine des neiges. Selon les humeurs et les envies de chacun. Il y a aussi les nombreuses histoires enregistrées par les grands-parents et oncles et tantes. Chacun a pris le temps de s’enregistrer et de nous envoyer des histoires personnalisées ! Les filles sont fan. Continuez !
Entre Amasra et Sinop, la route côtière est superbe mais pas facile pour les conducteurs. Nerveusement, il faut rester concentré. Un virage. Une côte. Les deux. Ce n’est pas de tout repos. La mer nous accompagne. On ne s’en lasse pas. La conduite turque est loin d’être douce. Les queues de poisson sont courantes. Les piétons doivent batailler pour traverser. La ligne blanche ne semble pas signifier une interdictions de doubler. Et le respect des limites de vitesse est fantaisiste. On croise plusieurs voitures qui se sont accrochées.
La cuisine turque nous régale. Nous aimons déguster les kefte (boulettes de viande avec oignons et épices), les salades, les mezze, du poisson grillé, des pâtisseries, des glaces et notre favori : les pide. Ce sont des pizza locales. La pâte est très fine, et elles sont servies sur des planches. Tout en longueur. Avec du fromage, des herbes, de la viande, des oeufs ou autre, chacun se régale selon ses goûts.
Après Sinop, la route s’élargit. Le côté pittoresque a disparu mais on parcourt non plus 40 kms par heure mais bien le double. Notre progression sur la carte s’accélère. Nous faisons une halte de deux jours à Unye. Nos routes se séparent avec nos amis. Ils reprennent la route du retour. Nous continuons notre avancée vers l’est.
Nous nous retrouvons tous les quatre. Ca fait bizarre après huit jours à avoir vadrouiller ensemble.
Jeanne se demande : « Qui sont les prochains amis qui viennent nous voir? » A bon entendeur….
Trabzon et le visa iranien
Halte suivante : Trabzon. Dernière ville sur la côte avant de descendre doucement vers la frontière iranienne. L’Iran justement est le pourquoi de notre passage à Trabzon. Il y a un consulat iranien qui délivre des visas en une journée. Ces infos lues et relues sur des blogs de voyageurs sont précieuses. Bien renseignés, nous avions préparé des photos d’identité (où je porte le voile, obligatoire en iran). Un monsieur adorable nous accueille. Nous avons des formulaires à remplir. La mauvaise surprise est que les filles payent aussi. 75€ par personne tout de même. Nous sortons les mains toutes bleues car nos empreintes ont été enregistrées. Chacun de nos doigts a été trempé dans l’encre et tamponné précieusement. Première étape franchie. Nous devons passer à la banque. Tirer 75€x4 et les déposer sur un compte. Il faut revenir au consulat avec un reçu de la banque à chacun de nos noms. Nous passons à la BNP. Le distributeur ne fonctionne pas mais une dame nous prend en main. On discute de la France et de la BNP car ma maman y travaille et cela semble la passionner ! En attendant 17h, heure du rv pour récupérer passeports et visas, nous visitons le bazar du centre-ville. Nous faisons quelques emplettes. Dans un magasin, comme souvent, les filles se font offrir un cadeau : des verres. Une barre au chocolat ce matin dans un magasin de bricolage. Des pêches ce matin par la dame devant chez qui nous étions garés. C’est plus que quotidien, c’est permanent ces cadeaux, de véritables offrandes. On ressent le bonheur que leur procure notre venue chez eux. Leur pays est leur fierté. Venir jusqu’à eux représente beaucoup. Leurs sourires, leurs bonjours, leurs cadeaux nous touchent. 17h. Nous voilà de retour au consulat. Deux français attendent aussi leurs visas.
De Trabzon nous descendons jusqu’au monastère de Sumela. Arrivés en fin d’après-midi la fin de route qui mène au site est étroite, sinueuse, glissante avec la pluie et la nuit tombante n’arrange rien. On fait demi-tour après un virage en épingle à cheveux où le camion patine… Belle frayeur! Aidés par les chauffeurs de dolmus (mini-bus faisant des liaisons à travers tout le pays) et un turc parlant français qui nous rassure et nous guide pour la manoeuvre ardue, nous voilà dans le sens de la pente. Rassurés et pressés de poser notre maison pour la nuit. Le parking des autocars nous permet de ne pas payer de camping, d’avoir accès aux toilettes et d’être à deux pas du sentier qui mène au site. Bercés par l’appel à la prière avec la mosquée qui jouxte notre camion, nous dormons rapidement. Louise a une petite forme. Fièvre et soucis intestinaux. On laisse passer la nuit et on avisera demain.
Louise est pallote le lendemain mais garde le sourire. On monte au monastère par un sentier de randonnée en lacets. Jeanne marche d’un bon pas aidée par des chansons et des histoires. Louise est faible, on se relaie pour la porter. Le monastère finit par se dessiner après une petite heure de marche et plusieurs escaliers à gravir. Une foule de touristes arrive par la route en mini-bus. C’est beau mais on doit se faufiler parmi les groupes de voyages organisés pour accéder aux différents points de vue. Le monastère a été vandalisé à plusieurs reprises. Les peintures sont endommagées. Le lieu est paisible. La pierre blanche tranche avec la roche grise. C’est un vrai terrain de jeu pour les filles qui crapahutent d’escaliers en tunnels. Je m’offre un joli foulard en soie bleu (utile à l’approche de l’Iran) à la boutique de souvenirs.
L’Anatolie
La route qui prend maintenant la direction du sud-est du pays nous amène sur le plateau de l’Anatolie. Nous sommes charmés. Je n’arrive pas à lire. Détacher mes yeux du paysage est impossible. Nous avalons des kilomètres à travers la steppe. A gauche et à droite des hautes montagnes sont alignées au loin. Des tons ocres. Quelques cultures ajoutent des touches de vert. Des ruches de temps à autre. Une rivière qui zigzague. Des troupeaux de vaches, de moutons. Des villages de pierres. Des chantiers de belle envergure avec barrages, tunnels et routes en construction. Peu de voitures. Peu de piétons. Peu de vie humaine. Peu de commerces.
Nous entrons dans la ville de Bayburt et décidons d’emmener Louise à l’hôpital qui est juste à l’entrée de la ville. Louise a très peu d’appétit, sa diarrhée ne s’améliore pas et la fièvre n’est pas retombée. Elle a mauvaise mine. Alors que nous sommes dans le hall d’entrée face à des panneaux en turc qui nous déstabilisent. Où aller? Le service pédiatrie, les urgences ? Rien n’est lisible pour nous. Nous sommes interpellés dans un français parfait : « Vous êtes français ? » Mais oui !!!
Ayfet habite Dieppe. Improbable. D’origine turque, elle est en vacances avec mari et enfants pour l’été dans sa famille et belle-famille. C’est notre bonne étoile ! Aller à l’hôpital en France est déjà pas une partie de plaisir. A l’étranger quand on ne sait dire que bonjour et merci… c’est vraiment stressant. Avec Ayfet tout devient simple. Les médecins et infirmières qui nous prennent en charge la supplient de rester pour traduire. Pas besoin de la supplier Ayfet reste avec nous de 17h à 19h. Inquiets pour notre petite Louise, son aide est vraiment précieuse. Louise est auscultée par un médecin. Puis une infirmière lui fait une prise de sang. 3 piqûres seront nécessaires car la petite peau fine de sa main ne suffit pas pour prélever du sang. Après un essai dans chaque main, l’avant-bras est finalement la dernière victime. Louise hurle. On me demande de sortir avec Jeanne qui est blême. Je ne suis pas mieux. Louise redescend doucement. On nous emmène dans une petite chambre le temps qu’un sachet de réhydratation lui soit injectée par intraveineuse. Sa perfusion lui fait mal, on doit lui soutenir le bras. Les résultats des analyses de sang sont bonnes. RAS. Par contre Louise a de nouveau un traitement antibiotiques. Son infection à la gorge ne semble pas guérie. Et ses maux de ventre ne passent pas.
Le temps de la perfusion on discute avec Ayfet. De la Turquie beaucoup. Elle nous explique qu’elle se sent étrangère en France parce que considérée comme turque et étrangère ici parce que considérée comme française. Pas simple. Nous avons la confirmation que le président Erdogan a été réélu dimanche dernier. On avait bien repéré les élections à venir avec les camions défilant avec haut-parleurs et les affiches omniprésentes. Mais nous n’avions pas le résultat. Réelu à 52%. Sortis de l’hôpital en début de soirée, nous dormons sur le parking de l’hôpital.
Direction Erzurum le lendemain. Une pause dej le long de la route nous offre de la visite. Un camp de jeunes doit avoisiner notre point de chute. Un groupe d’adolescentes s’approche et Jeanne (moins handicapée socialement que ses parents ! ) file jouer avec ses nouvelles copines. Chacune parle dans sa langue mais qu’importe. Louise ose moins mais se laissera apprivoiser par la suite. On installe les hamacs. De quoi faire une vraie pause pour les parents heureux mais un peu fatigués.
Au supermarché Carrefour d’Erzurum je traverse chaque rayon un sourire béat aux lèvres. Tant de nourriture me fait tourner la tête. Je rapporte de quoi régaler ma petite famille. Nous sommes ravitaillés en pots de nutella, en pots de sauce au pesto (repas favori de Jeanne) et autres douceurs qui font du bien au moral. Nous sortons de la ville pour dormir. Et nous tombons sur un camping (pourtant rare en Turquie). Un camping à la turc qui est davantage une aire de pique-nique avec jeux et attractions pour les enfants. Personne n’y dort en fait. Mais nous y restons pour la nuit sur le parking qui jouxte les cabanes en bois où les familles s’installent avec barbecue et grillades. On nous offre d’ailleurs des brochettes de poulet délicieuses.
Lac de Van
Reliant Erzurum à Tatvan le lendemain nous parcourons plus de 300 kms. Une bonne journée pour nous qui roulons constamment. Plus fréquemment nous roulons entre 100 et 200 bornes. Le début d’après-midi est propice à la route. Louise fait sa sieste. Jeanne est calme et disposée à rouler (ce qui n’est pas toujours le cas ! ). Les paysages continuent d’être grandioses. Le pare-brise du camion est un véritable écran où défile le film de notre avancée.
Tatvan est une des grandes villes côtières du lac de Van. Plus grand lac du pays, il est encerclé de montagnes. Peu aménagé pour la baignade il garde ainsi son côté sauvage et nature. L’île d’Adakmar (entre Tatvan et Van) abrite une belle église et nous permet une petite ballade en bateau sur le lac. Les filles sont aux anges. Sous le soleil couchant l’île et le lac sont magnifiques. Nous accostons de nuit, nos ventres gargouillent. Le camion est garé sur un parking qui fait office de camping. Un restaurant attenant nous permet non seulement de nous régaler mais surtout de trinquer à la naissance de notre neveu (et filleul) et cousin : Gaspard ! Grâce à un réseau wifi disponible au restaurant nous apprenons la nouvelle non pas en direct mais quand même le jour J ! Le 16 août donc. Emus et heureux, nous avons même les jeunes parents au bout du fil. Et les petits cris adorables de Gaspard en direct pour le coup. Il faut gérer la distance avec ce genre d’évènement… mais internet est un lien bien pratique !
Dans quelques jours, nous serons en Iran. La frontière se rapproche. Le pays est indiqué en jaune sur nombre de panneaux. Et les plaques d’immatriculation iraniennes se multiplient. De la Turquie nous garderons de nombreux beaux et bons souvenirs. Des paysages à couper le souffle. Des visages très souriants. Des personnes bienveillantes et très généreuses. Jamais nous ne nous sommes méfier de quelqu’un. Le turc est gentil, avenant, accueillant. Des saluts de la main continuellement sur la route. Des mosquées et des appels à la prière qui ont bercé nos soirées. Des mets délicieux. Jeanne ne jure plus que par les pide.
On donne juste un mauvais point pour la conduite des Turcs. Ils filent à vive allure sur les routes et doublent n’importe comment. Mais on accepte les auto-stoppeurs comme ci-dessus ! Et un autre mauvais point pour le respect de la nature : des poubelles jonchent le sol, les plages, les jardins, la mer, le lac. Partout on trouve des déchets, des bouteilles en plastique. Et quand on croise un camion poubelle… il déverse l’intégralité de son chargement dans la mer, du haut d’une falaise. Dommage de ne pas préserver davantage ce beau pays. Vous l’aurez compris on a particulièrement aimé la Turquie. On s’y sent bien et la bonne nouvelle est que dans 3 mois nous y serons de nouveau. Après 3 semaines en Iran, 2 mois dans les pays en -stan (Turkménistan, Ouzbékistan et Kirghistan), un nouveau passage en Iran d’une dizaine de jours et 15 jours en Aibrahim1rménie et Géorgie, nous repassons en Turquie pour pratiquement un mois. Du coup pas de frustration de quitte le pays !
Pour finir, un petit best of des sorties des filles :
Louise : « C’est ma maman à moi. C’est pas la maman de toutes les deux. C’est ma mienne à moi. » Toujours plus.
« C’est mon (mé)dicament. C’est mon (py)jama. C’est ma ssiette. Je veux du (jus d’o)range » Louise a le sens de la propriété et trouve souvent les premières syllabes inutiles !
« On se régale avec cette glace. » Le goût d’apprécier les petits bonheurs.
Jeanne : « Qui a construit la Mer Noire ? Un lac c’est une Mer où on peut faire le tour. Pourquoi tu n’as pas de voile ? J’adore les pide, surtout à la viande. » Jeanne s’acclimate au voyage, à la Turquie.
Prenez soin de vous. On embrasse chacun de nos lecteurs et même s’il ne lit pas encore… un gros bisou à Gaspard !!! Et un très bon anniversaire à notre momo, l’heureux papa !!
Ju and co.
ça y est je suis votre périple avec un globe, histoire de bien me rendre compte.
Je lis votre voyage comme un feuilleton, et dire que ça va durer encore 5 mois ! Merci.
Belle route à vous 4.
Merci de nous suivre via globe et blog. Sympa ces retours sur notre voyage.
Génial ! On se régale à vous lire.
Merci pour ce partage de sensations et de vécu. J’espère que Louise se remet vite et bien. La carte est indispensable pour suivre vos périgrinations et c’est un plaisir quand je découvre qu’une nouvelle page est publiée. Quel feuilleton passionnant.
Bonne route et soyez prudents.
Merci pour ce voyage par procuration
Merci de nous lire. Il est temps de réouvrir l’atlas, à la page de l’Iran cette fois !
Superbe récit ! On adore suivre vos aventures, plein de bisous ! et une dose en plus pour Loulou et son petit oeil 🙂
De retour au 83, avec une bonne connexion, je relis vos aventures & mésaventures.
On attend avec impatience la prochaine chronique pour voyager en mots et en photos, se régaler, s’amuser, apprécier toutes vos belles rencontres (quel sens de l’hospitalité !) admirer les belles frimousses des loulottes, s’évader et rêver.
Un coup de cÅ“ur pour la photo de Louise qui dort supportant le globe terrestre sur ses petites jambes solides, illustrant le poème d’Eluard : « la terre est bleue comme une orange… »
Biz aux iraniens d’adoption, de Maé
On adore suivre vos aventures ,découvrir les photos des différents pays ,les textes écrits ,les images des puces … Bref, on aime et on pense à vous .<3
Merci de nous lire, de nous suivre. On adore savoir qu’on est suivis !
Nous sommes ravis de voir que votre voyage se passe bien. C’est très bien écrit!
Clément embrasse Jeanne et aimerait inviter Jeanne a son anniversaire mais je lui explique que ce n’est pas possible car elle voyage, la preuve je lui montre votre site. Il me dit que Jeanne a de la chance de continuer les vacances!
A bientôt! Bonne route
Stéphanie (maman de Clément) et Clément
Merci pour le message. Jeanne parle souvent de Clément. Elle était ravie de cette invitation même si le trajet risque d’être un peu long ! Bonne rentrée à Clément et bisous à toute la famille. Jeanne et ses parents.
Top ce post ! Et merci pour les dédicaces à Gaspard et Momo 🙂
Vivement les prochaines news d’Iran.
On vs embrasse fort.
Je viens de lire une bonne partie de votre périple et c est que du bonheur….merci bcp.
C est mon premier midi de retraite sous le s l’Å“il de houilles avec vous en ma compagnie
Bravo…vs me donnez envie de refaire un périple en Turquie visitée par moi il y a 20ans…
Plein de bisous a vs et a bientôt de vs lire. Annick
Ravie de savoir que tu nous suis! Alors de nouveaux voyages en préparation pour ta retraite? Bisous