Serbie et Bulgarie, derniers pays de l’Europe…

De Budapest nous avons filé vers la Serbie. Enfin filer c’est beaucoup dire. Nous qui voulions des passages de frontières dépaysants nous avons  été servi ! 5 heures d’attente pour entrer sur le territoire de la République de Serbie !  Nous avons d’abord patienté de 18h à 21h. Et remis ça le lendemain de 9h à 11h après une nuit garée en plein village non loin de l’autoroute. La scène était assez surréaliste. Imaginez : des piétons qui zigzaguent ente les voitures. Des gens qui font pipi sur le bord des routes. Des poubelles un peu partout. Des gens qui papotent. L’un au volant roulant au pas, l’autre à pied. Et des concerts de klaxons revenant régulièrement quand certains craquent et n’en peuvent plus d’attendre. Une file de voitures à perte de vue. Des bouchons en somme mais vraiment long en termes de distance et de temps !

Depuis ce jour, Jeanne évoque souvent la scène en demandant « On peut se détacher ? Comme l’autre jour quand les gens marchaient partout sur la route. »

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Bref malgré la pluie et la mise à rude épreuve de nos nerfs, on est passé.  On a une drôle de première impression dans ce nouveau pays. Surtout moi. Baptiste se laisse porter. Je suis méfiante. Je sais pas bien pourquoi. Les gens sont pas très chaleureux. Tout est gris. Sinistre. Certainement les dégâts causés par la guerre. Après Budapest, la Serbie nous parait fade. L’arrivée dans Belgrade poursuit cette lignée un peu sordide. On pousse jusqu’au petit centre de la capitale. La rue principale est surtout une vitrine géante d’enseignes commerciales. Les filles ont décidé de courir partout et de ne clairement pas nous écouter ! Un pacte commun contre leurs parents…Vite un parc, une aire de jeux ! En visitant la citadelle fortifiée qui offre une belle vue sur deux bras de fleuves, les filles se défoulent enfin sur des jeux. Garés en plein centre ville (plus rien ne nous arrête avec le camion), on repart assez rapidement.

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La capitale ne nous charme pas plus que cela et nombreux sont encore les kms à parcourir ! C’est vrai que le rythme est soutenu depuis une quinzaine de jours.

A raison Baptiste pense « Il est bien notre itinéraire en Europe mais on a oublié de mettre des jours de repos, non? »

C’est vrai qu’on traverse plus rapidement l’Europe que la suite de l’itinéraire. Heureusement ! Non par manque d’intérêt (on prend le temps de visiter quand même) mais par envie d’aller plus loin. On reviendra plus facilement en Europe sur nos congés d’été. Moins sûr pour les pays de l’Asie centrale qui nous attendent. Ceci dit en terme de dépaysement, on y est. Les panneaux en cyrillique. La barrière de la langue car l’anglais est de moins en moins parlé. On sent que c’est une autre Europe.

Autant l’accueil des Hongrois nous a marqué. Avenants, curieux, généreux. Ils nous ont demandé si on avait besoin d’aide à plusieurs reprises dans le métro de Budapest ou autre. Autant l’accueil des Serbes est plus ou moins inexistant. Après juger sur quelques jours passées dans le pays est surement trompeur et grossier. Mais les premières impressions sont souvent fondées et persistantes.

En une journée on a parcouru la distance de Belgrade à Sofia (400 bornes environ). Ca parait peu mais on est partis de Belgrade en milieu de matinée après des coups de fil précieux à nos familles. Rien de tel pour réduire la distance. Entendre leur voix a embelli notre début de journée. Et puis avec les filles il faut s’arrêter. Pour un pipi, une crise de pleurs, un ras-le-bol de l’une ou de l’autre. Une grosse faim. Les imprévus ne manquent pas.

Jeanne « Je veux sortir du camion, j’en ai trop marre ! Par pitié, je suis assoiffée !»

Louise   » Ze veux sortir. ze veux pas mettre les bretelles. Moi ze veux conduire le camion. »

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Sofia donc. Arrivés le soir, pris dans les bouchons de la périphérie, on stoppe vite le camion pour la nuit. Un affreux parking de motel nous accueille. A l’entrée de la ville, l’option pratique prime parfois sur l’option joli cadre ! Sofia. C’est un nom qui sonne loin de chez nous quand même. On commence à se rendre compte du chemin parcouru. Plusieurs milliers de kilomètres. On sent que l’Asie se rapproche tandis que l’Europe s’éloigne peu à peu.

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En prenant de plus en plus nos marques on prend plaisir à prendre du temps tous les 4. Vraiment tous les 4. Un jeu de société, un petit restaurant, une ballade main dans la main. On est heureux. Les petits plaisirs s’enchaînent au quotidien et on garde bien en tête que nous sommes chanceux. Chanceux et heureux pour longtemps nous espérons.

J’ai quelques angoisses pour ce long voyage en famille. J’espère qu’elles resteront au stade de mon imagination. Un accident sur la route. Une mauvaise chute pour l’un de nous. Une maladie, un mauvais virus. La santé est finalement ce qui m’inquiète le plus. Surtout pour les filles. Jeanne est d’ailleurs très  étonnée que nous n’ayons pas vu de docteur pour leurs conjonctivites.

« -Mais c’est vous les docteurs alors?

-Oui c’est ça, tu as tout compris »

Plus matériellement, je redoute un vol ou une mauvaise rencontre. Y a pas de raison mais on est jamais à l’abri. Les filles rendent les gens peu méfiants à notre égard. Tant mieux. Par contre je me rends compte que voyager avec enfants me rend plus méfiante à l’égard des autres. Je dois progresser là-dessus ! Je m’imagine toujours le pire pour elles. C’est bête mais toutes les mamans me comprendront je crois bien.

On découvre Sofia le lendemain matin. Agréable à visiter, la capitale est plaisante. Loin des travaux et des embouteillages de la périphérie, le centre est plus calme et coloré. De grandes avenues avec des statues dorées qui donnent le ton soviétique jouxtent des ruelles et des parcs. Passés à l’office du tourisme, on décide de bifurquer un peu de notre route vers la Turquie pour aller visiter le monastère de Rila. Ah oui, j’allais oublier… le départ est retardé par une mauvaise surprise : de retour au camion on découvre un joli sabot jaune attaché à notre roue arrière. On avise une pervenche locale. Un coup de fil plus tard et une amende de 30 bg soit 15€, on peut repartir. Belle leçon pour nous qui ne payons pas le stationnement !

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Quelques belles routes de campagne et de montagne plus loin on y parvient en fin de journée. On a adoré se perdre dans les vallons bulgares. On pose notre maison sur roues au camping. Les filles courent à vive allure aux jeux. Un vrai parc d’attraction avec voitures à pédale, tricycles, balançoires, toboggan et en prime un poney à admirer et caresser. En bordure de rivière, dans le creux de la montagne, dans une belle clairière, on est vraiment bien. Des allemands garés à coté voyagent aussi en camion Mercedes James Cook. Un modèle plus récent. Ils nous donnent leurs bons plans pour la Bulgarie et le Turquie. Après une lessive qui s’imposait, on dîne au son du torrent. Les filles continuent de faire la foire pour dormir… et en fin de journée notre patience est comment dire… légèrement moindre.

« Maintenant vous dormez !! Sinon y en a une qui dort dehors ! »

Le genre de truc qu’un parent a le droit de dire sous le coup de l’énervement même s’il ne le pense pas, même s’il sait qu’il ne va jamais le faire. On a le droit. Ca défoule. C’est déjà bien.

On préfère les soirs plus calmes.

« Maman, tu me donnes la main un moment. J’aime bien pour m’endormir. » ou « Maman, j’attends que le sommeil il vienne m’endormir mais il veut pas venir. »

Ou les soirs plus philosophiques.

« -Tu dors bien dans le camion ma chérie ? C’est comme un petit lit, non?

-Il est où mon lit ? Dans les cartons ?

-Oui il est démonté et rangé. On le retrouvera après le voyage.

-Mais maintenant c’est le camion notre vraie maison. On a vraiment tout ce qu’il faut je trouve. Il faut juste acheter à manger au supermarché comme ce matin et après c’est bon. »

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Le monastère de Rila est un site magique. Paisible. Toute cette nature nous apaise, nous rend vivant en ralentissant le temps. Une petite ballade en forêt du camping jusqu’au monastère nous réjouit tous. Les filles gambadent. Un rocher, une branche, une pomme de pain, un papillon, un scarabée, un pont. Tout les émerveille. C’est vraiment le plus de leur jeune âge. Leur curiosité est permanente. Reste à la nourrir. Une petite chute de Loulou (qui s’est pris pour Forrest Gump en pleine descente) plus tard et nous sommes arrivés. On entre par une arche et le monastère se dévoile à l’intérieur d’une grande cour pavée. Des tons noirs, rouges et blancs. Des arches, des voûtes. Des détails de peintures sur tous les murs. Des moines vêtus de noirs, les cheveux longs et la barbe grise. On retrouve un peu l’ambiance des monastères tibétains qu’on aimait tant.

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Pour finir en beauté notre virée touristique et verdoyante on s’offre un petit resto en bord de rivière. Truite au barbecue et frites au menu.

« Mon ventre il me dit j’ai faim et il propose qu’on aille manger au restaurant. » Jeanne avait annoncé le programme le matin même en passant devant ces petites paillotes de bord de rivière.

Reprenant la route, nous avons fait halte à Plovdiv pour notre dernier jour en Bulgarie. Le centre avec ses ruines antiques est intéressant. Nous avons discuté avec un diplomate qui nous entendant parler français s’est approché de nous. Il a vécu à Genève et nous demandait nos impressions sur son pays. Eh bien agréable à visiter et très joli notamment le côté sauvage en montagne. Plovdiv fût marqué par notre nuit à l’hôtel impérial, enfin sur le parking de l’hôtel pus précisément. Arrivés tard, nous y avons été au culot. Je suis entrée l’air sûre de moi malgré mon short d’une semaine et mes pieds noirs dans mes sandales pour demander à la réceptionniste maquillée et toute pimpante si on pouvait dormir sur le parking. Après coup de fil à ses supérieurs, oui nous avons eu l’autorisation. Le décalage est amusant. La température de cette nuit est insupportable. Nous finissons la porte ouverte, tous les 4 dans le lit du bas option tête bêche. La chaleur est encore plus rude dans le lit des filles sous le toit.

On est arrivés en Turquie depuis. Voilà une semaine que nous découvrons avec beaucoup de plaisir ce nouveau pays, ce nouveau continent. On est charmés. L’accueil des gens dépasse tout ce qu’on a déjà connu ailleurs. Sans comparaison. Une gentillesse naturelle. Un sens de l’autre. Malgré la barrière de la langue les Turcs questionnent, échangent, s’intéressent. Jeanne et Louise sont vraiment notre passeport. Elles créent la rencontre. Les gens les prennent dans les bras, les câlinent, les embrassent. On se laisse porter. La frontière, Istanbul, puis maintenant la côte de la Mer Noire où nous avons retrouvé nos amis Sophie et Jérôme avec leur petite Solange pour vadrouiller ensemble. Ils voyagent comme nous en camion aménagé.

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A très vite pour vous raconter la Turquie en long et en large. C’est le premier pays où nous allons passer plus de trois semaines. Le temps pour nous de profiter, de s’imprégner, de se poser, de visiter, de se baigner, de déguster les mets locaux. On s’y sent bien. Et j’ai l’impression que les filles adhèrent aussi. La baignade quotidienne n’est pas sans leur déplaire.

On pense à vous, on vous embrasse.

Ju Ba Ja Lou sur la route entre Samsun et Unye.

 

4 COMMENTS
  1. Que de belles photos! Vous nous faites voyager.
    Les filles ont l’air contentes! C’est génial.
    Profitez bien de la Turquie.
    Biz
    Delphine et Guillaume
    ps: j’aime beaucoup votre photo du lada! Ca sera ma maison pendant une semaine. On part découvrir le nord de l’Espagne en lada 🙂

    Delphine 10 ans ago Reply
    • bonne rentrée ! passe le bonjour à tous les collègues et atsem.

      juju 10 ans ago Reply
  2. Ravie de découvrir de notre bout du monde iodé vos impressions sur cette nouvelle tranche de votre parcours, qui ressemble à une pause estivale avant de reprendre la route.
    En précisant à la chroniqueuse que ce qui fait mes delices sont les mots de Jeanne et de Louise, tout en appréciant également les commentaires sur les pays traversés,
    Des bises de l’ancre,
    Maé

    Maé 10 ans ago Reply
  3. On vous sent bien en vacances là ! Plages, baignades… les 3 poulettes attablées sont trop mignonnes !
    Je vais essayer ta tactique de Janou (« Mon ventre il me dit j’ai faim et il propose qu’on aille manger au restaurant. ») avec Momo… Entre ça et « par pitié je suis assoiffée », je vois qu’elle n’a pas perdu de son bagout !
    Quant à Loulou la future camionneuse (« Moi ze veux conduire le camion »), j’ai toujours autant envie de croquer ses petites joues.
    En tout cas c’est top de partager tout ça avec vous !
    On vs embrasse. momo, mama, et minimoma le locataire

    mama 10 ans ago Reply

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