Bonjour,
Pour nous suivre sur la carte…
Jeanne et Louise ont eu du mal à prononcer ce nom de pays mais maintenant c’est fluide ! « Ouzbékistan. »
A peine la frontière passée, le Turkménistan est déjà loin. Tout est différent. Les gens plus souriants, plus avenants. Le premier militaire rencontré pour contrôler nos passeports craque devant les miss. Leur serrant la main et les faisant sourire. Les ouzbeks semblent simplement plus vivants ! D’autant plus qu’ils parlent quelques mots de français. Rapport au nombre de touristes français ? Ou à leur capacité à apprendre des langues, eux qui en parlent déjà couramment trois. La langue ouzbek, la langue tadjik dans certaines régions et le russe couramment parlé, héritage de l’appartenance à l’ex-URSS.
Alors que nous complétons des formulaires sur un coin de table et que les filles courent partout…(certainement pour accélérer les formalités administratives qu’elles semblent apprécier aussi peu que nous !)… nous retrouvons un couple de polonais, Lucas et Monica, croisés à deux reprises la veille à Turkmenabat au Turkménistan. Ils voyagent sac au dos pendant deux mois et demi. Au maximum en auto-stop. Nous les embarquons pour Boukhara, première ville incontournable à visiter. Nous voilà 6 à rouler. Calés sur la banquette du fond, ils jouent avec les filles et somnolent tant que possible vu le relief de la route. Trous et bosses sont de retour, le bitume est vieux. Ridé par le temps et le traffic intense.
Boukhara est envoûtante. Charmante. Authentique et dépaysante. La description des monuments n’est pas l’exercice d’écriture que j’affectionne le plus. Je parviens plus facilement à retranscrire mes sentiments, mes impressions, notre quotidien de voyageurs. La cité est magnifique. C’est fou de penser à toutes ces années de construction entreprises il y a des milliers d’années et dont le génie a permis que ces monument tiennent encore debout. On aimerait traverser le temps pour visiter ces mêmes lieux à leur apogée. Ces mosquées, ces merderas (écoles coraniques), ces mausolées sont des véritables témoignages du temps passé. L’histoire de cette région du monde est une véritable découverte, et c’est passionnant. On suit véritablement la route de la soie depuis notre sortie d’Iran.
Voici plusieurs images qui valent mieux que mes mots.
L’ artisanat local est riche et varié. Les vendeurs peu aguicheurs, c’est agréable. Jeanne craque sur une petite lampe d’Aladin (qu’on lui achètera finalement en secret pour son anniversaire).
Regsitan, l’Ark, la cité royale. Ces touches de couleurs nous rappellent un peu le Tibet.
Garés en plein centre-ville devant un hôtel nous avons accès au wifi, à l’eau, et petit luxe : au buffet du petit déjeuner. L’ aspect à volonté n’a pas échappé aux filles, notamment sur la pile de crêpes que nous avons liquidé deux matins de suite. Boukhara se dévoile ruelle après ruelle et l’ensemble des sites majeurs se découvre facilement à pied. Pas de camion pendant deux jours. Bien pour tout le monde. Chauffeur et passagers. A pied, on parcourt quelques kms cependant !
Le minaret Kalon impressionne particulièrement Jeanne avec ses 47 mètres de hauteur. Depuis elle veut savoir la hauteur de… à peu près tout !
Le regard des autres
Nous sommes radicalement différents des autres portraits de voyageurs. Loin des schémas habituels et plus classiques : des groupes organisés ou des couples ou encore des groupes de jeunes. Depuis le départ pas une famille de voyageurs avec jeunes enfants n’a croisé notre route. Enfin disons pour être plus justes depuis notre sortie de l’Europe. En Turquie, en Iran et maintenant dans les pays de l’ex-URSS, pas de jeunes enfants étrangers croisés ni de familles voyageant au long cours. Nous nous sommes plus ou moins habitués à tous ces regards constamment tournés vers nous. Beaucoup de sourires à l’encontre des filles. Et de salutations chaleureuses. Le regard sur notre famille laisse prétendre que nous intriguons. Une prof de français croisée à Boukhara nous a d’ailleurs clairement dit « Bravo, partir en vacances avec mes trois garçons quelques jours à quelques kms est déjà une aventure mais vous vous n’avez peur de rien! »
En Ouzbékistan, il y a beaucoup de touristes français. Les réactions varient en nous croisant. Le français en vacances étant plus ou moins finaud ! Voir énervant avec des propos absurdes : « Je me demande ce que vont retenir des enfants si jeunes. » Une ouverture d’esprit, une curiosité jamais assouvie, le sens de l’accueil, l’échange, le partage, le goût d’aller vers l’autre, la débrouillardise, une capacité à s’adapter à tout. Trois fois rien, madame ! Je m’abstiens mais le smogs me brûlent la langue. Curieux et admiratifs, un couple de jeunes français voyageant 6 mois aussi mais version sac à dos, nous amuse : « C’est courageux de partir à l’aventure avec des enfants. On a déjà du mal à se gérer tous les deux ! ». Impressionnée et intriguée, une dame retraitée partie en voyage organisé : « Vous habitez ici ? … non, ah bah bravo alors ! Cela ne doit pas être évident. » « Disons que ce n’est pas de tout repos mais que l’aventure vaut largement le coup ! » Et à Tachkent, nous croisons un groupe de camping-caristes. Une association humanitaire parti deux mois. Alors que je suis en pleine lessive, secondée par les filles, ils s’exclament tous, admiratifs et partageant forcément le même goût de l’aventure : « C’est bien, voilà des enfants qui vont être débrouillards ! Elles ont quel âge ces petites voyageuses? » Réaction qui nous a touchée forcément.
En coulisses
Une belle démonstration de l’accueil ouzbek nous est offerte sur la route de Boukhara à Samarcande. Alors que nous cherchons un petit coin pour stationner pour la nuit, une invitation à prendre le thé nous permet de visiter l’intérieur d’une maison. Comme un passage en coulisses. On aime connaître les gens chez eux, dans leur environnent. On imagine mieux leur quotidien. Ils nous auraient bien gardé à dormir. On hésite un peu mais les filles sont très fatiguées. Elles s’endorment sur les piles de matelas qui forment des montagnes dans chaque coin de pièce. La pièce à vivre semble se transformer en dortoir à la nuit tombée. Il est déjà tard et nous n’avons pas encore dîné. C’est gênant, les hôtes semblent déçus. Avec enfants, il faut savoir dire non. Nous préférons dormir devant.
Samarcande
Aucun nom n’évoque mieux la route de la Soie que Samarcande. Étape clé pour les négociants et les artisans, elle se situait au carrefour des routes de la Chine, de l’Inde et de la Perse. De loin des dômes bleus vifs et imposants surgissent du paysage. Les visites incontournables sont nombreuses. Espacées et mêlées à la ville nouvelle qui garde la trace des années soviétiques, la ville est plus étendue que Boukhara. Un peu moins charmante on doit l’avouer.
Le Registan, central et rv des touristes comme des locaux, symbolise à lui seul l’image de Samarcande. Trois medersas se font face autour d’une large place carrée. Ces medersas ont chacune une mosquée dans leur enceinte. C’est grand et tout parait démesuré. On passe un long moment à arpenter les lieux.
Garés à deux pas du mausolée du Gour-e-Amir, nous y passerons finalement la nuit. Dans un cadre magique donc. Jeanne s’intéresse beaucoup aux mausolées. Ces drôles de cimetière où les tombes sont très grandes. Les questions sur la mort fusent… C’est l’âge, non ? Louise s’attaque à chaque muret potentiellement mur d’escalade et terrain de jeux. Aucun ne lui échappe. Il y a un réel manque d’aires de jeux en Ouzbékistan. Pas de toboggans ni d balançoire dans les parcs pourtant nombreux. Un mystère. Une déception pour nos deux cascadeuses.
Le bazar au nord de la ville nous offre un beau moment. Une plongée dans la vie locale comme on les aime. Les touristes ont tous disparus d’un seul coup. Les stands colorés et toujours aussi soigneusement organisés sont superbes. Les vendeuses aux sourires dorés nous interpellent pour des fruits, des légumes, des fruits secs, des oeufs, des épices.
Des liasses de billets
La monnaie locale est le soum. 1€ = 3000 soums. En changeant l’équivalent de 400 $ à la banque nous sommes ressortis avec une liasse comme jamais nous n’en n’avions eu ! Pour payer un plein d’essence il faut compter un peu plus de 200 000 soums sachant que seuls les billets de 1000 sont en service. Donc 200 billets à donner au pompiste, ça fait bizarre. Heureusement il ont tous des machines pour compter les billets. Mais pas nous !
Diesel, avis de recherche
Le diesel, parlons-en, une vraie galère. Le diesel est une denrée rare. Les voitures locales roulent au GPL au méthanol ou au propane. Les camions ont des réservoirs plus importants que le nôtre et sont moins dépendants des stations essence. Notre premier plein, après Samarcande, nous a pris quasi la matinée. Renseignés par un chauffeur de car qui nous a mis sur la bonne route, nous avons fait plusieurs stations et demandé à des routiers avant de trouver enfin une pompe de diesel. Nous pouvions encore rouler 100 kms mais c’est terriblement stressant. Paradoxe de l’Ouzbékistan et sa gestion de ll’essence : c’est le premier pays où nous croisons autant de stations. Nombreuses sont fermées et encore davantage n’ont pas de diesel.
L’alternative est de demander aux habitants qui conservent précieusement des bidons de diesel. A deux reprises, nous devrons passer par là. Baptiste, traumatisé par le plein d’essence en Iran, craque une allumette sur un peu de diesel au sol. Le diesel ne brûle pas ! L’essence oui. On vérifie ainsi qu’il n’y a pas d’essence mélangée au diesel. On peut faire le plein. Les Ouzbeks éclatent de rire.
Météo automnale
10° de moins au thermomètre certains jours. De 25° on est passé à 15°. Les pulls sont de sortie. Les pantalons aussi. On avait espéré une petite transition mais aucunement ! L’automne est bien là. On a allumé le chauffage une fois ou deux au petit matin et on s’enroule jusqu’au bout du nez sous nos couettes. Louise qui a la bougeotte la nuit s’échappe régulièrement de sa couette. Il faut régulièrement la recouvrir, ses petits pieds sont tous froids le matin !
Nos shorts restent pas loin et sont encore d’usage certains jours. Le temps reste quand même clément. Nous n’avons pas hâte de sortir manteaux, écharpes et bonnets… profitons !
Culture du coton
Des champs de cotons jalonnent les routes d’un bout à l’autre du pays. J’aime ces petits points blancs à l’horizon. Comme des flocons de neige tombés sur ces petits arbustes. Monoculure depuis des décennies, l’économie ouzbèke reste liée à « l’or blanc ». Malgré l’assèchement de la Mer d’Aral, la folle production continue. L’État interdit aux agriculteurs de varier les cultures ou de se tourner vers les fruits. Le gouvernement oblige adultes et étudiants à récolter le coton dans les champs en automne. Le dos baissé, arc-bouté pour ne laisser aucun flocon blanc, ces petites tâches de couleurs dans les champs travaillent du matin au soir. Ils portent des petits baluchons en tissus pour amasser leur récolte. Malgré une loi interdisant le travail forcé des enfants de moins de 16 ans, le travail forcé perdurerait. Les Ouzbeks travaillant au champ ignorent les dénonciations internationales qui persistent.
Plov et autres
Le plot est un plat complet qui mélange du riz, de la viande de mouton bouillie et grillée (au goût très prononcé et idéale pour muscler ses mâchoires !), des oignons, des carottes et parfois des raisons secs et des pois chiches. Le tout est cuit dans un marmite géante, nommée kazan. C’est le plat national et quotidien. Nous avons goûté plusieurs versions, avec quelques variantes. C’est très bon mais copieux. Deux plats pour quatre suffisent à nourrir nos estomacs en général !
Servi avec du thé, nous aimons le déguster dans les petites cantines de rue avec les locaux. Ou installés le long des routes sur des tables en hauteur. Une table basse est posée sur un grand carré de bois (comme un lit) où nous nous installons en tailleur sur des matelas colorés et fleuris. Des brochettes sont aussi au menu et de délicieuses soupes. Le pain frais trempé dans cette soupe où viande et légumes flottent est un régal.
Enregistrement et OVIR
L’Ouzbékistan, sous ses faux airs de plus cool que le Turkménistan, impose aux touristes parcourant le pays de s’enregistrer. Une banale formalité pour la plupart des voyageurs qui dorment à l’hôtel et ne se soucient guère de cette démarche automatiquement établie. Pour nous, qui ne dormons pas à l’hôtel c’est contraignant. Il faut s’enregistrer tous les trois jours auprès des réceptions d’hôtels. Donc trouver des parkings d’hôtel susceptibles de nous accueillir pour une nuit. L’avantage est que nous avons accès au wifi et aux toilettes, voir à la douche. Notre petit plaisir est de rentrer dans ces halls luxueux d’hôtel, de se poser dans un canapé moelleux et de se connecter. Sans parler de nos virées aux toilettes. Enfin propres. Il faut dire (sans s’éterniser sur le sujet toilettes) que plus on file vers l’est, plus on avance plus le confort des toilettes s’est dégradé. On peut parler de latrines et non plus de toilettes depuis le Turkménistan. Louise et Jeanne s’adaptent, elles ont véritablement augmenter leurs capacités à s’adapter à tout !
Cet enregistrement est donc un peu mystérieux. Les contrôles de police sur la route (moins fréquents qu’au Turkménistan mais bien présents) ne s’y intéressent pas. Nous avons cru comprendre que la sortie du pays nécessite ces papiers. Attendons la frontière pour êtres fixés. Je reviens sur ce point après la frontière… rien de rien ne nous a été demandé !
Tisser des liens privilégiés
Ce voyage à 4 nous apprend à nous connaître. Chacun pour soi-même et les uns avec les autres. Ce sentiment de tisser des liens particuliers avec ses propres enfants peu paraître incongru. A priori ses propres enfants on les connait. Les liens sont tissés depuis la naissance. Oui mais pas totalement. En vérité on redécouvre Jeanne et Louise. Leurs caractères (bien trempés soit), leurs envies, leurs goûts, leurs passions. Leurs joies, leurs peines. Leur complicité grandissante. Leurs sentiments l’une envers l’autre. Leurs ressemblances, leurs différences.
Dans notre quotidien parisien, l’espace temps est un vrai casse-tête à gérer. Une vraie source de stress pour ma part. Je manque constamment de temps et mon hyper activité n’est jamais assouvie. Si je reste plus longtemps au boulot, je vais courir pour faire les courses, les filles vont être énervées parce qu’on va rentrer plus tard à la maison. Ce serait bien que je bosse pour préparer ma semaine d’école. Et si j’allais courir demain matin. Chouette j’ai un dîner de filles demain. Et on se ferait pas un petit ciné en amoureux. J’ai des envies plein la tête et je trouve difficile de tout concilier pour satisfaire toute ma petite famille. J’ai le désagréable sentiment de n’avoir le temps de rien.
Et bien quand on voyage longtemps en famille, le temps s’arrête un peu. Il s’appréhende différemment. On a le sentiment de réussir à le rattraper. A lui jouer des tours. S’échapper du rythme vélo-boulot-dodo permet d’ utiliser son temps à bon escient. Comme une douce impression d’être dans le vrai. La vraie vie. Savourons.
Le temps s’écoule mais sans frustration. Un jeu de société avec les filles. Longtemps, plusieurs parties. Des livres, des histoires. Longtemps, plusieurs lectures. Un jeu de ballon, de corde à sauter, 1,2,3 soleil. Longtemps, plusieurs fois. De la musique pour les filles. Des tubes chantés à tue-tête en famille. Souvent, longtemps. Des discussions, des échanges, des pourquoi. Tout le temps. C’est fou comme on peut amadouer le temps. Et des éclats de rire. Comme ci-dessous avec les essais de chapeaux locaux.
Tous ces moments sont des petits bonheurs ajoutés. Tous ces temps en famille, ces petits plus à 4 tissent un je ne sais quoi entre nous qui restera pour toute notre vie je crois bien. Je l’espère fort.
La notion d’espace aussi évolue différemment. La place de l’autre. La place offerte à l’autre. Sa moitié, ses enfants. Sans réfléchir on vit ensemble. Dans le camion, à l’étroit, chacun évolue et trouve sa place. Dans la rue, sur des grandes avenues ou sur des petits chemins de terre, on est jamais très loin les uns des autres. Quand on se sépare, on est perdus. Je sais qu’au retour ce sera le plus difficile à gérer. Nous partirons tous les 4 dans des directions différentes. Enfin pas tout à fait car Loulou est inscrite dans mon école… donc je la garderai un peu avec moi. Enfin pas trop loin, dans une classe à côté !
Tachkent et le marathon des visas
La capitale se résume à une halte administrative. La ville a peu d’intérêt touristique mais elle n’est pas désagréable avec ses grandes avenues vertes. Des monuments aux faux airs soviétiques ponctuent la ville. Il n’y a pas de véritable centre. Nous la traverserons dans tous les sens pour cavaler d’une ambassade à l’autre.
Étape 1 : visa iranien. L’Iran, on connaît maintenant et ça change tout. Notamment l’absence d’appréhension pour une demande de visa. Fidèle à l’image de l’accueil iranien. Les Iraniens sont toujours aussi adorables et attentionnés. Ouf ! On explique notre demande : un visa de transit pour mi-octobre afin de traverser l’Iran pour rejoindre l’Arménie. Première réponse : 3 jours. Oups pour parcourir plus de 1000 kms ça va faire juste… ! Le consul arrive derrière la baie vitrée. « Vous avez une lettre d’invitation? un numéro d’enregistrement ?» « non et non ». Lu et relu sur les blogs, cette fameuse lettre d’invitation. « Bien. Vous êtes un groupe ou seulement une famille? » « Juste une petite famille de rien du tout… Innofensive… » Le consul semble vouloir nous aider. Il est embêté pour nous. « Ca va faire juste 3 jours pour traverser le pays ? » « Euh, oui. Une semaine serait bien. » Il nous parle même de 10 jours. Bon revenez avec le reçu de la banque où vous aurez déposé en euros le paiement des visas. Le lendemain mission accomplie et visa collé dans nos passeports. 7 jours finalement. Pour avoir 10 jours il fallait une lettre d’invitation. Bon ça va le faire. Et on imaginait pas même avec l’option emergency avoir le visa iranien en quasi 24 h.
Étape 2 : visa turkmène. Opération bis. Visa de transit également mais de 5 jours. Sans négociation. Rappelez vous le Turkménistan, le pays qui est loin de celui des Bisounours. Ceci dit, très bon accueil à l’ambassade. On nous aide à remplir ces sempiternelles formulaires. On connaît quasi par coeur notre numéro de passeport du coup. On avait aucune idée des délais si ce n’est par la dame de l’ambassade de France (cf étape 3) et son manque de tact, qui nous avait mis le moral dans les chaussettes en annonçant un mois… et bien une semaine annoncée. Pour info, la condition pour obtenir un visa turkmène est d’avoir le visa du pays suivant (iranien donc). Preuve incontestable qu’on ne restera pas dans leur pays. Y avait peu de chance en même temps…!
Étape 3 : ambassade de France. On trouvait que deux ambassades suffisaient pas. Allez une troisième. Aller à une ambassade c’est pas simple. C’est même une série de galères, comme des niveaux à passer. Trouver l’adresse, la repérer sur le plan. Avoir les horaires et les jours d’ouverture. Faire en sorte que ça colle. Trouver la bonne personne, le bon bureau. Etre le plus aimable possible pour espérer avoir réponse à sa demande. Et après reste à attendre. Attendre dans un hall, un petit salon, la rue parfois. Et souvent il faut revenir, repasser parce qu’il manque un papier. Toutes ces démarches sont donc franchement inintéressantes et longues et déteignent sur le moral des troupes. 5 jours à Tachkent furent 5 jours d’une ambassade à une autre. Les jours s’étiraient à mesure que notre patience s’amenuisait. Fin de la parenthèse, retour à l’ambassade de France. On espérait un petit retour à la maison. Café, croissants, Libé et Télérama sur la table, France Inter en fond sonore et…. Bon ok je m’emballe. Rien de tout ça évidemment, et un accueil pas folichon. Ah oui je précise qu’on est là parce que malgré nos espérances le passeport de Baptiste est bien plein. On avait misé sur les pages du début et de la fin, sans trop y croire mais un peu quand même. Tout ça à cause d’un maudit tampon à la frontière serbe que le douanier a osé appliquer en plein milieu d’une page blanche. On n’a pas idée. Bref la dame peu accueillante qui prétend connaître les délais du visa turkmène, se permet aussi d’insinuer que pour une demande de passeport, il faut compter 15 jours ou un mois selon l’arrivée de la valise diplomatique. Ok, notre visa ouzbek se termine le 15 octobre, on est le 24 septembre. Tout va bien. On fait comment ?
Le lendemain, nous avons rv à 9h. Tout s’arrange. Baptiste enregistre sa demande de passeport d’urgence et on nous promet quelques jours d’attente. Pas plus.
Et bien en attendant, on va filer au Khirghistan, si vous le voulez bien. La paperasse, on en a plein le dos. Tachkent n’a plus de secret pour nous ! Les filles malgré quelques sorties au parc, au manège, quelques burgers mais surtout beaucoup de camion, d’allers-retours dans la ville, n’en peuvent plus. Je suis contente de nos journées quand il y a un ou plusieurs moments qui sont vraiment des moments d’enfants. Quand on enchaîne les soucis d’adultes, je sens que les contraintes du voyage prennent le dessus sur le plaisir de voyager. Et là rien ne va plus.
Les filles qui craquent, ça donne des hurlements en fin de journée. Des cris dans le camion. On reste une famille normale malgré notre quotidien atypique. Donc les parents crient, manquent de patience et les enfants continuent de s’impatienter pour à peu près tout et ont pas mal d’idées pour faire des bêtises.
Dialogues de fin de journée.
Répliques d’enfants : « Non je veux pas remonter dans le camion. J’en ai marre. On peut se détacher ? J’ai chaud. On mange quand. Il fait nuit. On dort ici? J’ai envie de faire pipi. Louise m ‘embête. Jeanne m’a tapée. Louise m’a mordue. Jeanne m’a pincée. Je sais pas quoi faire. De la musiiiiique ! Une histoire ! Un jeu ! Une activité. Je veux un câlin.»
Répliques des parents: « Pourquoi tu pleures ? Arrêtes de taper ta soeur. On arrive, promis. On est pas loin. Oui on va dormir ici. Non tu ne te détaches pas. Pourquoi tu es en culotte ? Prends un livre. Pourquoi y’a de l’eau partout ? Oui on va faire un câlin. Les filles, tout le monde est fatigué. Au secours !!!!»
Les bons points de l’Ouzbékistan : la gentillesse des locaux et leurs quelques mots de français, la facilité à déguster des plats locaux : accessible, bon et pas cher, la beauté des cités visitées, le plaisir de sillonner d’une mosquée à une merdersa avec toutes ces coupoles bleues qui nous resteront en tête, les belles photos (on espère) emmagasinées.
Les mauvais points : l’état des routes (secousses et fatigue assurées), le diesel quasi introuvable en station essence (bidons chez l’habitaient donc), les liasses de billets impossibles à caser dans un porte-monnaie ou une poche de pantalon, les parcs de jeux pour enfants rarissimes, l’enregistrement obligatoire auprès des hôtels, l’omniprésence des policiers su la route (contrôles fréquents dont un flash à 70 kms au lieu de 50 kms mais pas d’amende).
Encore et toujours, paroles de Jaja et Loulou pour boucler notre récit.
« – Maman j’ai vu une vache !
– Ah bon, de quelle couleur ?
– Rouge… euh non rose. »
Louise continue l’apprentissage des couleurs !
« Maman j’ai vu un âne, euh non deux mânes. » « J’en veux plus de le noeuf «
Louise a quelques liaisons abusives mais son vocabulaire augmente de jour en jour.
« J’aimerai bien être une adulte. J’aurai un portable et j’aurai plus de serviette à table. »
Jeanne, vision simpliste du monde des adultes.
« -Tu écris quoi maman ?
– Mon journal de bord, mon carnet de voyages.
– Mais tu écris à qui ? »
Écrire sans destinataire, une absurdité pour Jeanne.
Au Kirghizstan depuis quelques jours, on nage en plein bonheur. Des montagnes, une rivière, des pics enneigés, des plaines, des yourtes, des roulottes, des chevaux… un nouveau pays, celui des nomades. On s’y sent vraiment bien. On vous raconte très vite. Un nouveau coup de coeur. Bientôt en images dans ce carnet de voyage qu’il nous importe tant de partager avec vous. Et on vous racontera le bel anniversaire de Jeanne qui a eu 5 ans le 26 septembre !
Bises à tous nos lecteurs fidèles ou de passage.
Au plaisir ! Et pour info, 12917 kms au compteur depuis Asnières.
Julie, Baptiste, Jeanne et Louise
Si j’ai bien compris, l’Ouzbékistan était votre escale la plus à l’est. Les photos sont superbes et les filles grandissent !
Portez-vous bien et m…. aux formalités administratives 🙂
bises
Perdu sandrinette, le Kirghizstan est encore plus à l’est ! bises
C’est toujours un plaisir d’avoir de vos nouvelles. Les photos sont très belles. Le récit me donne l’impression d’être assis entre Jeanne et Louise à l’arrière. Un lundi matin sous la grisaille, ça permet de faire un petit bout de chemin avec vous.
Bisous,
Vivement Dubrovnik, tu pourras te glisser entre JA et Lou pour de vrai !
Aux nomades
Suite …
j’aime à chaque nouveau chapitre de ce carnet de voyage retrouver :
– la plume de Julie, écrivain voyageur qui saisit le moment, et n’hésite pas à donner son point vue, transmettre sa sensibilité, partager ses émotions,
– les illustrations de Barbutiste, les visages, les paysages, les monuments monumentaux, les natures mortes, les scenes de vie, les fiches cuisine, les portraits des loulottes,…
 quand des dessins des petites globe-trotteuses, avec leurs regards d’enfants posés sur le monde ?
Gardez encore et encore les yeux grand ouvert pour nous donner envie d’aller voir à notre tour
Biz
PS : merci pour l’ajout de la carte qui permet au lecteur pas toujours savant sur la géographie de vous géo localiser.
Que de belles couleurs!!! Vous nous faites rêver!!! toujours les bons mots ,les filles!!!
Merci, les filles ont de belles sorties… c’est précieux de les noter!
Vous ramenez des chapeaux ouzbeks ? Ce serait la classe à Paris 😉 TROP TOP ces nouvelles.
Gros bisous
Un mini chapeau pour Gaspard…? bisous les gigi
Chouette un long post pour un nouveau pays
mais du coup on a envie d’en savoir encore plus !
Baptiste tes photos sont toujours aussi géniales et c’est encore une fois un vrai régal de lire tes écrits Julie, bref un grand merci à vous
et un très bon anniversaire à Jeanne (à qui Manon fait un gros bisous)
Merci fidèles lecteurs.bisous au trio
Oooooohhh! le petit sourire coquin de Jeanne devant les liasses de billets…!!!
Merci pour ces photos magnifiques, on en a pris plein la vue de ces bleus extraordinaires, de ces mosaïque fabuleuses…
Hum, ça ne te donne pas des idées de graphisme, Julie???!!! ;-))
Plein de bisous et à très vite!
PS : Baptiste, le « blond » te va à ravir!!!
A fond pour les graphismes Patoche…! Loulou embrasse sa maîtresse. Atelier couronnes et abaques ce matin dans le camion. Elle devrait pas être trop perturbée en rentrant ? bises
Dimanche matin, jour où l’on a du temps bon & libre.
Vu dans Liberation, au sujet du festival du Grand Bivouac au titre un peu mystérieux : « In extremis, voyages sur le fil et rencontres singulières »!
Devinez à qui j’ai pensé à la lecture de la définition des aventuriers du XXIÈME siècle ci-dessous ?
C’est quelqu’un qui prend un engagement et qui casse les codes de la vie courante. Il possède une détermination et une vraie force pour arriver à son but. Il ne lâche rien sur la liberté qu’il s’est donnée dans la vie. L’aventurier a une soif de connaissances de l’autre. Il a le courage de percer les mystères de l’autre. Je crois qu’il faut revenir aux traditions du partage et du témoignage de son expérience. Un chemin qui a été abandonné ces dernières années !
Biz au quatuor
belle définition du voyageur au long cours… on adopte, on valide !