Un petit dernier… pour la route !

Demain c’est la reprise du boulot. L’envie de tapoter mon clavier d’ordinateur me démange depuis quelques jours. Et avant de revenir dans la course du quotidien, je m’offre un ultime post. J’en ai plein la tête. Des mots, des phrases. Des émotions, des sentiments, des ressentis. Des joies, des peines. Et surtout écrire me manque. J’ai maintenant un cahier dans mon sac à main. Pour prendre des notes, poser sur papier mes idées, me souvenir, m’encourager à poursuivre mes essais d’écriture. Écrire ce que je vois, ce que je vis.

Depuis 15 jours, nous sommes de retour. Le camion est stationné et se repose. Veinard. De notre côté on n’a pas vu le temps passé. Les retrouvailles, l’emménagement, la rentrée de Jeanne et Louise. Les jours filent. Il y a du bon, et du moins bon. On aime ou on aime pas, je vous liste ces nouveautés retrouvées. On aime pouvoir appeler les gens tout de suite maintenant et pas en attendant la prochaine connexion wifi. On aime avoir notre cercle familial et amical tout proche. Présent et attentionné. On aime manger varié et déguster des mets oubliés. On aime regarder Paris avec un oeil de voyageur. Continuer à s’étonner de tout avec des yeux gourmands. On aime avoir du monde à qui confier Jeanne et Louise. Se retrouver un peu à deux, en amoureux. On aime bricoler, agencer, peindre, poncer, percer pour se construire jour après jour un nid douillet. On aime dégoter les meilleures annonces de meubles sur le site du bon coin. Et notamment des meubles et un buffet en formica pour une cuisine colorée à l’ancienne. On aime découvrir Gennevilliers, notre quartier, les nombreux parcs avoisinants, les voisins de l’immeuble, les commerçants. On aime se remettre à courir, sortir les vélos, les trottinettes. On aime écouter France Inter en boucle. On aime emmener les filles à l’école main dans la main, les récupérer le midi pour leur éviter la cantine et tôt le soir pour adoucir leur reprise. On aime leur capacité d’adaptation incroyable : une rentrée tranquille trois jours après notre retour. Jeanne a retrouvé ses copains et copines, un grand sourire aux lèvres. Louise a découvert l’école et adore à peu près tout. On aime avoir les récits de leurs journées à l’école. J’aime entendre dans les couloirs de mon école « la maîtresse Julie est revenue! ». On aime se remémorer des images, des noms de villes, des anecdotes et les partager avec notre entourage. Ou simplement tout les 4. On aime déballer nos souvenirs amassés tout au long du parcours et leur donner une place dans l’appartement. On aime les jolis retours sur notre blog, nos photos, notre voyage. On aime les bravo, les merci, les félicitations. On aime l’idée d’avoir réussi, d’être revenus en bonne santé et d’avoir encore et toujours l’envie de voyager.

On n’aime pas ou moins. Les horaires, le réveil qui sonne. Les trousseaux de clés nombreux qui encombrent le poches et les sacs. On se sent prisonniers. On n’aime pas la course inévitable du quotidien de la semaine. On n’aime pas la réforme des rythmes scolaires et le réveil qui sonne aussi le mercredi. On n’aime pas l’idée de retourner bosser, de laisser derrière nous notre belle liberté de voyageur au long cours. On n’aime pas la carte bleue qui chauffe vite. La vie chère, les tentations, la consommation abusive. On n’aime pas se dire « voilà, c’est fini ».

Je vais vous raconter ma matinée de jeudi dernier. Elle résume mon humeur du moment. Jour de grève donc. Une agression de conducteur. Je dois prendre les transports pour aller à Paris justement ce jour-là. Pas de bol. J’arrive à Saint-Lazare et horreur, une vraie marée humaine se déverse dans les couloirs et les escaliers de la gare. Je pense naïvement que Paris est encore plus fou que dans mes souvenirs. J’interroge même une dame pour savoir si c’est normal ou s’il s’agit d’une affluence exceptionnelle. Je commence même à lui raconter ma vie. Comme quoi j’ai pas vu Paris depuis 6 mois. Je sais pas bien pourquoi. Une envie. Comme pour me rassurer, me dire que je ne sors pas d’un long rêve. On dirait des petites fourmis. Cette masse noire de petits pas sérrés essaie de se faufiler dans les couloirs, les escaliers. Mais on ne peut plus avancer. Une femme enceinte passe en pleurs. « Je peux vous aider? » Elle continue à sangloter mais refuse mon aide. Je suis moi-même angoissée et un peu en perdition dans cette fourmilière humaine. Je ne sais plus où je dois aller. Je ne me souviens plus des directions, des couloirs. Mon esprit sélectif me joue des tours. Un monsieur essaie de faire la circulation. « Serrez-vous à droite! » Un agent RATP passe et délivre la femme enceinte qui cherche une sortie pour décompresser et respirer normalement. Les gens se parlent et là je me sens mieux. Les masques fermés du « Je pars au boulot, non, j’ai pas franchement envie de sourire » tombent. On échange les informations sur les lignes fermées. Créer le contact est notre quotidien depuis plusieurs mois, ce serait pas mal que moi, la timide, prenne de l’assurance et utilise cette belle énergie du voyage pour m’ouvrir aux autres. Même à Paris. Oui c’est possible donc. Cette manie de prendre des photos avec son smartphone m’étonne quand même. Les flashs fusent. Immortalisée cette scène surréaliste est envoyée sur les réseaux sociaux. Je prends pourtant notre quotidien en photo depuis 6 mois. Mais j’ai l’impression de pas être dans le coup. Pour tout d’ailleurs. Il faut retrouver ses repères, ses marques, ses habitudes. Aller au supermarché par exemple est une épreuve. Je suis perdue devant les rayons. J’erre sans trop savoir quoi acheter. Trop d’offres. Un rayon par aliment me semble complètement démesuré et absurde. Je bloque devant le rayon riz, trop de choix. Celui du jambon m’effraie carrément, à perte de vue des jambons de toutes sortes. En voyage de minuscules épiceries, des petites échoppes de marché ou de bord de route étaient les seules options de ravitaillement. Le choix était simple, rapide. Ici, on trouve tout cher. On ne connaît pas certains films, certains livres, certains évènements évoqués dans les discussions. Des pans de l’actualité nous ont échappé. Les autres ont vécu pendant notre absence. Normal. La vie ne s’est pas arrêtée. À nous de revenir dans la course. Tous les quatre. Les filles nous réclament. Elles ont besoin d’attention. Elles aiment nos moments retrouvés à 4. Notre cellule est plus forte, et plus unie que jamais. Notre vécu sur cette belle route de la Soie n’appartient qu’à nous. On a aimé le partager mais on ne peut pas tout vous raconter. C’est ce dont je me rends compte dans cette drôle de période de transition qui boucle l’aventure. On aimerait mais c’est impossible. Vous avez lu et vu le principal. Le reste fait partie de nous. Le voyage nous a changé. On ne revient pas indemne. Curieuses et complices, Jeanne et Louise nous étonnent par leur facilité à reprendre le cours d’une vie plus normale. On est fiers d’elles. On aimerait bien redevenir enfant juste le temps d’atterrir. Pour l’innocence, l’insouciance et la capacité à ne pas regarder demain. Le monde adulte rend le carpe diem difficile. On va essayer, on vous tient au courant.

JuBaJaLou sur la ligne d’arrivée. Mais certainement un jour sur une autre ligne de départ.

Bises à vous, et à très vite pour parler toujours et encore voyage. Notamment l’arrivée d’un livre-récit, au plus vite on espère !

 

 

7 COMMENTS
  1. Et oui, c’est fini la route , vous connaissant, pour un temps. Mais vous avez les souvenirs, vous n’êtes plus tout à fait les même , et vous avez aussi une faculté d’ouverture qui vous aidera à reprendre le rythme …et puis si les filles vous bousteront avec leur côté direct, et leur jeune âge. Alors bon courage pour la reprise, et on attend le livre !!

    Tydom 9 ans ago Reply
  2. Un gros « bon courage » pour la reprise ce jour…… et pour continuer votre « atterrissage »..!
    Vivement le livre récit !
    À bientôt, bizz

    MarieName* 9 ans ago Reply
  3. Chouette un nouvel épisode. C’est sur que ce retour ne doit pas être facile mais je suis certaine que vous vous en sortirez très bien. Bienvenue dans un quotidien plus classique.
    De gros bisous à vous 4

    Karine du 64 9 ans ago Reply
  4. O joie un nouveau post !!
    C est vrai que le retour à la vie quotidienne parisienne doit pas être simple !
    (Même si je trouve que baptiste s est remis dans le bain plutot rapidement)
    Moi j ai rien contre des petits posts de temps à autre ^^
    Après les voyages, le retour avec votre recul c est plutot intéressant
    Biz

    julien 9 ans ago Reply
  5. Coucou,
    J’espère que tu n’es pas trop déprimée après cette 1ère semaine d’école durant laquelle les enfants n’ont pas été particulièrement calmes…
    Ce n’est pas le loup qui est revenu mais Julie! Et nous sommes contents nous, de l’avoir de nouveau parmi nous!
    Allez, dans une semaine les vacances pour se retrouver de nouveau bien chez soi, en famille, en amoureux.
    Bises, à lundi!
    Caro

  6. Bonjour Julie, Baptiste, Jeanne et Louise !
    Je suis une amie de Marie-Cécile et Francis, ils m’ont donné l’adresse de votre blog il y a plusieurs mois mais je suis seulement en train de le lire, en fait je n’arrivais pas à dérouler tout le texte et je n’ai pas trop creusé sur le moment ! Et depuis quelques jours, tous les soirs je lis votre histoire, je regarde les photos, c’est comme un feuilleton que je retrouve en rentrant du travail, quelle évasion, comme c’est bien écrit, sensible, vivant, émouvant, instructif et dépaysant ! Je m’aperçois que j’y pense dans la journée, l’Azerbaidjan, l’Iran, la Roumanie, j’ai pas encore fini, mais j’adore ! Et vos enfants, votre vie à 4, vous avez eu raison de prendre cette décision de vous offrir ces 6 mois de vie à 4 à voyager et à rencontrer les autres et à tisser des liens privilégiés et uniques avec vos enfants, moments précieux et fugitifs. J’en parle autour me moi, j’envoie le lien à mes enfants à mes amis, j’aime !! Maintenant vous êtes revenus en France, vous avez retrouvé votre vie d’ici mais avec quelque chose en plus qui vous unit, qui sera votre fil rouge. En effet, comme tu l’as dit Julie, vous avez permis à vos enfants de connaître une ouverture au monde et à la connaissance, à être curieuses, à n’avoir pas peur, à ne pas vivre repliées, bravo !! A bientôt sûrement, Caroline

  7. je me reconnais bien dans ces mots, ce dernier post, je retiens votre blog pour le lire d’avantage plus tard même si il date un peu… mais j’ai déjà grandement apprécié de le survoler! vous avez fait un chouette périple et cela donne des idées pour un prochain départ!
    au plaisir de vous croiser sur la route! 😉
    jess

    jess 6 ans ago Reply

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